Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/368

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et les cabanes n’avaient de portes et de fenêtres que sur cette place.

Enfin, en cas d’aventure, les peones ne consentiraient pas sans doute à être punis à cause d’étrangers et livreraient les voyageurs.

Certes, ces braves gens, Espagnols de langue et d’atavisme, ressentaient une réelle sympathie pour la cause sudiste.

Sans difficulté, ils avaient consenti à se serrer quelque peu, afin de laisser une case libre pour les fugitifs.

Mais, après tout, ils appartenaient aux États-Unis. Quoi qu’il advînt des Sud-Américains, eux demeureraient rivés à l’Union des Nordistes. Dès lors, on pouvait leur demander une neutralité bienveillante, un secours platonique, mais non une aide effective, dangereuse pour leurs intérêts et leurs personnes.

Tout à coup, Massiliague se frappa le front :

— Té, mon brave, nous nous alarmons à tort.

— Que voulez-vous dire ?

— Attendez. Vous avez annoncé un miracle.

— Oui.

— Eh bien ! continuons-le.

— Mais…

— Et s’il survient une anicroche, laissez-moi prendre la parole.

Le Marseillais semblait sûr de lui. Ses auditeurs se sentirent gagnés par sa confiance. Toutefois, ils voulurent l’interroger.

— Rien, répliqua-t-il en riant… faisons le miracle du caoutchouc… et vous, mon digne Cristobal, souvenez-vous que vous employez seulement huit personnes dans cette resineria.

Sur ces mots, il salua et retourna à son poste sans consentir à s’expliquer davantage.