Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/372

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mulés en sa mémoire depuis des années, ne lui permettaient pas de repousser l’incroyable.

La Madone, le peone double rentraient dans ses préoccupations ordinaires, dans les choses dont chaque jour, sur la foi de contes plus ou moins habiles, il admettait la réalité.

Il lui était donc impossible de nier. Et même, une vague satisfaction commençait à chatouiller sa vanité, à l’idée que chez lui, dans sa propriété, s’accomplissait une de ces aventures merveilleuses et incompréhensibles qui, souvent, lui avaient fait soupirer :

— Ah ! j’aurais bien voulu voir cela !

Aussi reprit-il lui-même l’appel :

— Perez !

Un peone et Dolorès répondirent :

— Présent !

Et furent se ranger auprès des deux Agostin.

— Oh ! psalmodia le resinero, Perez aussi est double, quoique porté pour une seule journée de salaire. Est-ce que la protection céleste serait sur moi, à ce point de dédoubler tous mes serviteurs ?

Puis, d’un accent rendu tremblant par l’émotion, il clama :

— Antonio !

Francis unit sa voix à celle de l’interpellé :

— Présent !

— Double encore. Pablo !

— Présent !

Pablo avait lancé ce mot en même temps que Pierre.

— Toujours double ! rugit l’hidalgo d’une voix mouillée. Tous, tous sont doubles. Oh ! comment reconnaître cette marque de la bienveillance céleste !

En se pressant, il reprit la lecture de la liste :

— Hieronymo.

— Présent !

— José.

— Présent !

— Pedro.

— Présent !

— Sanchez.

— Présent, mon bon !

Chaque fois, deux organes avaient répondu, et le dernier, Massiliague s’était élancé auprès du peone Sanchez.