Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/378

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— Sans doute dans la grande écurie affectée aux montures des hôtes.

— Oui, le bâtiment en planches situé à cinq cents pas de l’hacienda.

— Précisément.

— Eh bien ! alors, tout va à merveille. La nuit tombe. Avant un quart d’heure, l’obscurité complète se fera. Seigneur Cigale, venez un peu avec moi.

Puis, s’adressant à ses amis :

— Suivez-nous à distance.

— Mais où allons-nous ? questionna Dolorès.

— À la grande écurie. Chut ! ne demandez rien en ce moment.

Pour couper court aux interrogations, il alla secouer la main de Cristobal.

— Merci de votre aide, j’espère un jour vous montrer que vous n’avez pas obligé des ingrats.

Puis il serra la main à chacun des peones :

— Vous aussi, amigos, vous entendrez parler de ceux que votre bonté a sauvés.

Et ses compagnons l’avant imité :

— À présent, amigos, buvez le mezcal. Nous, nous allons nous éloigner, afin de ne vous créer aucun ennui.

Le crépuscule tirait à sa fin. L’ombre épaisse et noire couvrait la terre de son manteau de crêpe.

— En route !

Sur ces mots, prononcés à mi-voix par Massiliague, ses amis se mirent en marche.

Scipion allait devant, ayant Cigale auprès de lui.

Les écuries des hôtes se trouvaient, comme l’avait dit Cristobal, à environ cinq cents mètres de la résidence de don Ramon.

Ce dernier avait reçu le gouverneur Forster et son escorte avec les témoignages de la joie la plus vive.

En un instant, toute l’habitation avait été en l’air. Les serviteurs se croisaient, les ordres tonnaient. On dressait la table, on la couvrait de mets et de fleurs.

Une demi-heure après l’arrivée des persécuteurs de Dolorès, tous s’attablaient.

Forster, très sombre, furieux d’avoir perdu la trace des fugitifs, répondait à peine aux questions de Ramon.

— Je ne vois plus votre ami, Joë Sullivan, modula le resinero de sa voix la plus aimable.

— Il m’a quitté, répliqua sèchement Forster.