Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/379

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— Quitté de son plein gré ? Il n’a pas été victime d’un accident ?

— Non !

— J’en suis heureux, car dans ce pays, hélas ! les accidents sont plus fréquents qu’on ne le désirerait.

— Merci de votre sollicitude. Sir Joë est en bonne santé.

Un silence suivit. Silence durant lequel Ramon se confia in petto que bien certainement il dériderait Son Excellence s’il lui narrait l’apparition dont il avait été honoré.

Cristobal connaissait bien son maître. Déjà, le secret pesait à ce dernier.

Toutefois, le resinero se souvint qu’il avait promis de se taire et il tenta de ranimer la conversation par un autre moyen :

— Pardonnez, señor gobernador, si je parais indiscret ; n’en accusez que mon dévouement aux États-Unis.

— Je n’en doute pas, fit laconiquement l’interpellé.

— Ces paroles me mettent à l’aise pour m’informer du succès de votre expédition.

— Insuccès total.

— Quoi ? Ceux que vous poursuivez vous ont échappé ?

— Jusqu’ici, oui.

— Mais vous prendrez votre revanche ?

L’interrogation délia la langue du gouverneur :

— Oui, de par les cohortes de Satan, je prendrai ma revanche. J’ai fait jouer le télégraphe. Partout des ennemis barrent le passage à ces damnés Sudistes. C’est à Mexico qu’ils prétendent arriver. Ils trouveront en route des obstacles sur lesquels ils ne comptent pas.

Et serrant les poings :

— Ils sont peu nombreux. Mes batteurs d’estrade qui ont relevé leurs traces affirment que sept personnes seulement accompagnent la Mestiza.

— Tiens, remarqua le resinero, sept et un font huit.

— Naturellement, dit dédaigneusement le gouverneur, qui ne vit dans cette addition qu’une réflexion digne tout au plus de feu La Palisse.

Il se trompait.

Un rapprochement venait de se faire dans l’esprit