Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/391

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quoi tu as fait cela, ou bien, aussi vrai que je suis Canadien, je te fais avaler la lame de ce joujou.

Avide, certes Gonfaccio l’était, mais il ignorait la bravoure.

L’idée ne lui vint pas d’avertir ses alliés par un cri, et renonçant au sort héroïque d’un d’Assas cabaretier, il avoua tout tremblant :

— Des voyageurs arrivés avant vous m’avaient ordonné d’agir ainsi… une plaisanterie…

À ce moment même, Scipion, qui s’était assis, laissa tomber sa tête sur ses bras croisés appuyés à la table.

Il dormait. La dose d’opium était forte, car en trois minutes, le Marseillais avait été terrassé.

Francis le désigna du doigt :

— Vous voyez, vite, aux chevaux.

Le tambero s’arracha les cheveux.

— Hélas ! Seigneurs, vos montures ont les jarrets coupés.

— Misérable !… procure-nous d’autres bêtes de selle, ou mon couteau…

— Grâce, señor, grâce, bégaya l’hôtelier dont les jambes flageolaient, je n’en ai pas…

Marius intervint :

— Cependant, en dehors des nôtres, j’ai compté six chevaux dans l’écurie.

— Ceux des voyageurs dont je vous parlais.

— Nous les prenons. Venez tous.

Et entraînant Gonfaccio terrifié, Francis ajouta :

— Si tu pousses un cri, tu es mort.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un quart d’heure plus tard, les chevaux de la troupe de Sullivan auxquels, les compagnons de la Mestiza avaient appliqué les selles à eux appartenant étaient tirés hors de l’écurie.

— Vite, Marius, apporte notre ami Massiliague. Six chevaux pour huit, c’est maigre, mais bah ! nous irons toujours plus vite que des piétons.

Coëllo s’empressa de suivre le Texien.

Mais avant qu’ils eussent reparu, une fenêtre du premier étage s’ouvrit et des fusils furent braqués sur la petite troupe.

Avec la rapidité de la foudre, Francis, Pierre, Cigale et Rosales saisirent leurs carabines et firent feu.

Dans la fumée, la voix du Canadien s’éleva :

— Au galop !

Comme un tourbillon, les cavaliers franchirent la