Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/393

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de cuir fauve bien usée par le long voyage à travers le désert.

Vera s’en saisit.

— J’avais peur que nos amis l’eussent emportée, fit-elle tout bas.

Puis elle revint à l’auberge, se fit donner une chambre dans laquelle elle s’enferma.

Lentement elle se dévêtit. De la valise, elle tira des vêtements de femme et les mit. Elle lissa ses longs cheveux noirs.

Sa toilette terminée, elle se considéra dans un fragment de glace appliqué au mur.

— Ah ! soupira-t-elle, pourquoi n’ai-je pas la beauté de Dolorès !

Une larme perla au bord de sa paupière et coula lentement sur sa joue.

Mais elle secoua la tête d’un air mutin, qui semblait dire : « Bah ! nous verrons bien. »

Il était près de midi quand on frappa à sa porte.

— Qui est là ? demanda-t-elle.

— C’est moi, Coëllo, répondit la grosse voix de Marius. Notre ami est réveillé et nous allons déjeuner.

— Priez donc le señor Massiliague de venir auparavant… J’ai à lui apprendre une chose grave.

Une exclamation de surprise retentit de l’autre côté du battant. Évidemment Marius trouvait incorrecte la prétention émise par le peone de faire déranger Scipion Massiliague.

Mais Vera reprit d’un ton suppliant :

— Je vous en prie, il s’agit de l’existence d’une personne.

Et le Texien répliqua :

— C’est bon ! C’est bon ! Je fais la commission, quoique, à vrai dire, vous pourriez bien m’accompagner… Enfin, je n’insiste pas.

Toute pâle, la fille de Rosales s’était dressée, le cou tendu vers la porte.

Elle attendait avec une angoisse inexprimable.

Massiliague consentirait-il à se rendre à son appel ? Ne jugerait-il pas, ainsi que le Texien, que c’était au peone, à se déranger ?

Malgré son trouble, elle sourit à l’idée qu’elle était toujours pour ses compagnons un simple serviteur de l’hacienda Rosales.

Pourtant le sourire s’effaça de ses lèvres, sa pâleur