Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/394

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s’accentua, quand un pas décidé fit craquer le plancher du corridor accédant à sa retraite.

Un coup sec résonna sur le panneau.

Elle courut ouvrir, une exclamation ahurie retentit.

— Pécaïre !… je me trompe… une demoiselle… excusez, je cherche Coëllo.

— C’est moi ! balbutia-t-elle.

— Vous ?

— J’ai caché mon nom, Vera Rosales, sous celui d’une peone.

— Pourquoi, mais pourquoi ? questionna le Marseillais, au comble de la surprise.

Elle voulut répondre ; ce lui fut impossible. Son cœur bondissait dans sa poitrine, l’haleine lui manquait.

— Pourquoi ? répéta Scipion.

Alors, elle fit un grand effort et réussit à bégayer :

— Parce que… autrefois… sur votre fenêtre… le bouquet de sospiriano.

Mais tout tournait autour d’elle, elle eut l’impression qu’elle allait mourir, et avec un long soupir elle perdit connaissance.

Quand elle revint à elle, elle était assise dans un fauteuil et Scipion était agenouillé devant elle.

— Vous ne m’avez pas abandonnée… fit-elle doucement… après ce que je vous ai dit.

Il serra doucement ses mains, puis :

— Té, mademoiselle Vera, vous avez le courage de la lionne et la timidité de la gazelle, ce sont les qualités qui conviennent à une dame Massiliague. Pécaïre !… je demanderai votre main à monsieur votre père… Je dis votre main, parce que c’est l’habitude, car il me faut les deusses.

Et avec une émotion rare chez l’insouciant garçon :

— Pauvre petite ! M’avoir suivi comme ça… Non, c’est la première fois qu’il me pousse une idée anti-marseillaise, mais per lou diable de la Joliette, il faut dire la vérité… Sur la Canebière, il n’y en a pas une qui vous aille à la cheville…