Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/397

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Et par réflexion :

— Même ce serait une bonne affaire pour notre cause, car ils pourraient nous croire morts… J’ai une idée.

Simplement, avec la plus admirable inconscience de son héroïsme, l’engagé poussa son cheval à côté de celui du Canadien.

— S’il en est ainsi, filez devant avec la doña… j’arrêterai nos adversaires le plus longtemps possible.

— Je resterai avec vous, déclara Rosales.

— Et moi aussi, s’écria Cigale.

Les minutes étaient précieuses ; aussi Francis murmura seulement :

— Merci, j’accepte.

Et le visage rayonnant :

— En avant !

Les éperons mordirent le flanc des coursiers ; ceux-ci hennirent de douleur et dans une foulée éperdue atteignirent la chaussée annoncée.

Tous s’y engagèrent.

Au loin, des cris retentirent, les poursuivants se réjouissaient. Ils tenaient leurs adversaires, cernés maintenant sur les flancs par le marais, en tête par Salto de Agua.

Étroite était la sente solide qui serpentait au milieu des fondrières du marécage. Par endroits, elle était recouverte par l’eau, obstruée de roseaux.

— Bon, remarqua Cigale, la fuite n’est pas commode par cette voie, mais la poursuite ne sera pas facile non plus ; cela établit une compensation.

— Halte !… pied à terre ! ordonna à ce moment l’engagé.

Le Parisien et Rosales obéirent.

— Chef ! appela Pierre,

— Qu’est-ce ?

— Emmenez les chevaux. Ils nous embarrasseraient et seraient seulement une indication pour l’ennemi.

Sans un mot, Francis empoigna les rênes et poursuivit sa course, accompagné par Dolorès.

— Le diable m’emporte si je comprends ! commença Cigale.

— Taisez-vous, ordonna le chasseur, et dissimulez-vous derrière ces roseaux. En avant de nous la chaussée est recouverte d’eau. Ceux qui nous pourchassent devront ralentir pour ne pas risquer de s’enliser ou de se noyer.