Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/399

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mètres furent franchis ainsi, et soudain un chuchotement parvint aux oreilles de l’hacendado et du Parisien :

— Ouvrez le feu, avait murmuré Pierre.

Un silence, puis trois détonations, trois éclairs jaillissant des roseaux noirs. Deux ennemis vidèrent les arçons, et un cheval, atteint par un projectile, se leva sur les pieds de derrière, et bondit affolé au milieu des eaux qui rejaillirent autour de lui.

Une, bousculade se produisait en même temps parmi les poursuivants. Ceux qui occupaient la tête de la colonne essayaient vainement de revenir en arrière.

Cependant Pierre ne s’occupait pas d’eux. Il regardait le cheval blessé, qui nageait vigoureusement et qui remontait vers l’extrémité du marais. — Bravo ! fit-il entre ses dents.

— Quoi ? interrogea Rosales.

— Voyez cette brave bête comme elle nage.

— Oui, eh bien ?

— Cela prouve que l’eau est profonde, qu’il n’y a pas de vase.

— Sans doute, mais qu’est-ce que cela peut vous faire ?

Pierre considéra son interlocuteur du coin de l’œil :

— Tirez-vous votre coupe, señor ?

— Certainement.

— Ah ! Et vous, señor Cigale ?

— Je nage de naissance.

— C’est au mieux. Voilà qui pourra nous être utile plus tard.

Les compagnons du chasseur allaient demander l’explication de ces paroles mystérieuses, il ne leur en laissa pas le temps.

— Ils se rapprochent… Feu ! feu donc !

Les assaillants, décidés à ne pas se laisser arrêter, avaient repris leur marche. Parmi eux, Joë Sullivan et Bell excitaient les courages par la promesse d’une pluie de dollars.

Mais de nouveau les carabines tonnent. Les balles frappent dans la masse, des hommes tombent, des chevaux sans cavaliers jettent le désordre parmi la troupe.

Bientôt quelques combattants font volte-face. Ils entraînent leurs camarades. Ils fuient, disparaissent dans la nuit.

— Enfoncés ! clame Cigale expansif pomme tout vé-