Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/400

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ritable enfant de Paris. Si nous rejoignions ce brave M. Francis ?

Il se tait en voyant Pierre secouer la tête :

— Nous sommes ici depuis dix minutes à peine.

— Ah !

— Le chef m’a demandé vingt minutes pour franchir le Salto de Agua. Un obstacle peut le retarder en chemin. Pour lui assurer ces vingt minutes, nous devons tenir au moins une heure.

— Bon, mettons que je n’aie rien dit.

Et l’insoucieux Cigale alluma une cigarette.

Cependant, la résistance des trois compagnons paraissait avoir porté ses fruits.

Vingt, trente, puis quarante minutes s’écoulèrent sans que les Nordistes eussent reparu.

Évidemment, ils s’étaient rendu compte de l’impossibilité de forcer le passage et ils bloquaient l’issue de la chaussée.

— Dans vingt minutes, nous irons vers le Salto de Agua, annonça Pierre qui venait d’exposer ainsi la situation à ses amis.

Il achevait à peine que sur la droite, à fleur d’eau, un éclair jaillit… une détonation arriva à leurs oreilles et le Parisien poussa un cri :

— Touché !

Une tache rouge qui allait s’agrandissant maculait sa manche gauche.

— Tonnerre, gronda le Canadien, ils ont un bateau et nous tournent.

Tout en parlant, il avait fait coucher à terre ses compagnons et bandait la blessure du jeune Cigale.

— Rien de cassé, dit-il, la balle a seulement traversé les chairs.

Cependant, la fusillade crépitait, dirigée trop haut par bonheur, mais les défenseurs de la chaussée entendaient les volées de balles passer au-dessus de leurs têtes comme des oiseaux siffleurs.

— Les autres reviennent, grommela Pierre qui avait appliqué son oreille contre terre. La position va devenir intenable.

Tout à coup, il eut une exclamation :

— Pourquoi pas ?

Et rapidement.

— Canardez ceux qui sont engagés sur la chaussée dès que vous les apercevrez… un feu d’enfer !… Je reviens.