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Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/401

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Avant qu’on eût pu le questionner, il s’était laissé glisser sans bruit dans l’eau et avait disparu.

Rosales et Cigale n’eurent pas le loisir de chercher quel était le but du chasseur. De nouveau l’ennemi se montra sur la chaussée.

Cette fois, les assaillants, étaient à pied. Sans doute quelques-uns d’entre eux gardaient les chevaux en dehors des marais.

Imitant la tactique des défenseurs du passage, les hommes de Sullivan s’abritèrent de touffes de roseaux et ouvrirent le feu.

La position des deux compagnons de Pierre se faisait critique. Fusillés en avant, fusillés de flanc, ils devaient infailliblement succomber.

Le tir de leurs adversaires se faisait plus juste d’instant en instant. Les balles frappaient le sol autour d’eux.

Mais au moment où ils commençaient à désespérer, le feu s’éteignit soudainement à leur droite, des cris d’effroi passèrent dans l’air, puis plus rien.

Stupéfaits, ils avaient cessé de tirer.

Leurs ennemis, non moins étonnés qu’eux-mêmes, s’étaient dressés et leurs silhouettes se dessinaient nettement sur l’horizon.

— On les voit, dit précipitamment Rosales… Tirons, tirons.

Deux détonations se confondirent, saluées de clameurs rageuses, deux Nordistes s’affaissèrent.

Le Parisien avait pris son arme de sa seule main valide et, ainsi qu’on le voit, il s’en était adroitement servi.

Et comme ils se félicitaient, de grands cercles concentriques se dessinèrent à la surface de l’eau. Une tête d’homme apparut au centre.

— Un nageur, murmura Fabian.

Il épaulait.

— Diable ! ne tirez pas sur les amis, fit la voix railleuse de Pierre.

— Quoi, c’est vous ?

— Moi-même, ainsi que vous pouvez vous en assurer, continua le Canadien en prenant pied auprès de ses camarades.

— D’où venez-vous ?

— De là-bas. Je désirais obtenir qu’on ne tirât plus sur nous. Il y avait là cinq olibrius montés sur un bateau.