Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/64

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señoritas Rosales, les trois sœurs étaient rassemblées.

Leurs têtes mignonnes se rapprochaient pour entendre les phrases murmurées tout bas.

Leurs yeux brillaient, car elles s’entretenaient des sentiments mystérieux et doux qui troublent le cerveau des jeunes filles.

Après avoir embrassé leur père, elles s’étaient dirigées enlacées vers le pavillon, mais au moment d’entrer dans la pièce, à elle réservée, Vera avait retenu sa sœur Inès, et la petite Annina, sous le prétexte qu’elle aurait peur toute seule dans la chambre qu’elle partageait avec sa sœur aînée, avait suivi celle-ci.

— Inès, avait dit Vera en rougissant, Inès, j’ai une grande faveur à solliciter de toi.

— Qu’est-ce donc, ma bien-aimée Vera ?

— Écoute. Tu es la plus âgée de nous trois. C’est donc toi qui dois te marier la première.

— À quoi vas-tu songer là ?

— À ce qui sera, chère sœur. Un caballero, un jour ou l’autre, pensera que le señor Fabian Rosales est père de trois filles, qui en toute sincérité ne sont pas tout à fait des laiderons. Alors ce cavalier viendra à l’hacienda et sollicitera ta main, Inès. Tu es trop bonne et trop belle pour que l’on te fasse l’affront de demander à m’épouser de préférence à toi.

Inès écoutait, le regard vague, doucement bercée par ces idées de mariage.

— Dis donc, interrompit Annina, si tu te maries, tu me garderas près de toi.

— Comment je te garderai ?

— Sans doute… tu es ma petite maman, en remplacement de celle qui est partie dans le soleil… et une petite maman ne quitte pas sa fille.

Un baiser sur le front fut la réponse de la sœur aînée à l’enfant.

— Eh bien, reprit Vera de plus en plus rougissante, je veux te prier, Inès chérie, de repousser l’hommage du caballero attendu si…

Elle s’arrêta, baissa la tête, toute troublée de ce qu’elle avait encore à exprimer.

La bonne Inès la prit dans ses bras et lui appuyant le front sur son épaule :

— Parle, n’aie pas peur. Ne suis-je pas ta sœur qui t’aime plus qu’elle-même ?