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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

Cela était du dernier comique. Jamais pick-pocket n’avait eu influence aussi hilarante.

Comme on le voit, Son Excellence Ti-Hao-Tien avait fort bien apprécié Paris.

Or, au milieu de l’animation générale, deux masques tranchaient, par leur attitude sur le reste de l’assemblée.

C’étaient : un homme au costume invraisemblablement riche, figurant un roi atzec ; une femme vêtue en indienne du Far-West américain. Sous le masque, on la devinait jeune et jolie, et derrière l’oreille, un frison blond doré, passant sous la perruque noire, trahissait la couleur des cheveux de la pseudo-squaw (femme peau-rouge).

Tous deux marchaient lentement.

— Vous prenez du plaisir ici, Laura ? demanda l’Atzec.

— À vous dire vrai, père, je n’en prends pas.

— C’est ce que je prévoyais ; mais vous avez été si entêtée à venir…

— Que vous avez renoncé à toute résistance. Ne dépensez pas de regrets, cher papa, je ne suis pas venue pour l’amusement.

— Et pourquoi donc alors ?

— Pour le mariage.

Topee, — on a compris que l’Atzec n’était autre que le roi du cuivre, — Topee s’arrêta net.

— Le mariage… Seriez-vous engagée à quelqu’un ?

— Hélas non !

— Alors je ne conçois pas ce que vous signifiez.

Elle eut un petit sourire mélancolique.

— Je vais dire. J’ai pensé qu’en cette soirée si courue, vous avez vu comme moi tous nos amis de la colonie américaine, et le duc de Bezons lui-même, prendre une forte peine pour y assister…

— Tandis que nous, compléta Ézéchiel d’un air satisfait, nous avons reçu des invitations sans même les demander.

— Hommage au roi du cuivre.

— J’ai supposé ainsi.

— Nous devions donc, par politesse, nous montrer à l’ambassade.

— Ah ! nous montrer, très bien… ; mais y accumuler de l’ennui, cela est moins évident.

— Aussi, mon père, ce n’est point par politesse que votre chère Laura vous prie de conserver encore un peu cet ennui.

— Ah ! Et pourquoi alors ?