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II

LA FRANÇAISE


— Il vient !… Il vient !… Il va venir !

À demi soulevée sur son lit, la chemise accusant sa maigreur, le visage déjà figé en cette rigidité qui annonce la fin, les yeux hagards semblant s’ouvrir sur des visions de l’au-delà, la Française venait de lancer ces paroles étranges.

Au fond de la salle, près de la porte fruste, deux Turkmènes au teint bronzé regardaient avec une sorte de terreur superstitieuse.

Au dehors la neige tombait, mêlée de grêle, avec un bruissement cotonneux, et de temps à autre une rafale ébranlait la cabane où, selon l’expression du médecin, finissait la mourante.

C’était tout au fond du vallon d’Aousa, à l’écart des baraquements, du village, dans une fissure de la falaise où le vent s’engouffrait en tourbillonnant, que se dressaient la demi-douzaine de cahutes, dénommées pompeusement hôpital, dans lesquelles on « isolait » les malheureux atteints par la maladie sous ce climat inhospitalier.

Et là, en face de ces Turkmènes improvisés infirmiers, qui ne discernaient