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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/444

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LE PRINCE VIRGULE.

Or, comme elles parcouraient un atelier de triage, elles se rencontrèrent avec d’autres visiteurs, le pope de la rue Ovstroski et sa servante Jorda.

De là conversation, empressement du pope en apprenant que Mona était la nièce de haute dame Olga, hôtel particulier sur la Perspective.

Un instant, Mona demeura en arrière.

La servante s’approcha d’elle et la voix abaissée, murmura à son oreille :

— Le général Labianov m’avait chargée de rapporter ses paroles à sa fille.

— Mon père… ! s’écria l’a jeune fille.

— Chut ! interrompit la femme au teint ambré. Je dois les dire à vous seule. Je me suis présentée plusieurs fois à la maison de la Perspective ; on ne m’a pas laissée entrer.

— Parlez.

— Pas ici.

— Où donc alors ?

— Chez mon maître, le saint pope.

— Eh ! comment y puis-je venir ?

— Il a une collection d’images sacrées. Le pauvre homme en fait commerce pour subvenir à ses besoins. Vous avez entendu parler de ces images qui portent avec elles le bonheur…

Mona inclina la tête, elle avait compris.

Fine, mutine, surexcitée par la pensée d’avoir des nouvelles de son père, elle fit tant et si bien qu’elle parvint à décider Lisbe à l’accompagner chez le pope.

Ce jour-là, le brave desservant, flairant une cliente d’importance, se confondit en amabilités, et alla même jusqu’à offrir aux visiteuses un grog, thé et vodki.

Bien entendu, Mona refusa, en manœuvrant de telle sorte que Lisbe fût contrainte d’accepter.

Et tandis que le pope et l’institutrice s’installaient en face de la boisson aromatique, la jeune fille, éprouvant décidément une passion désordonnée pour les icônes, se tenait, avec Jorda, dans la petite salle où elles étaient exposées.

Là, absorbées en apparence par la contemplation des images, elles causaient à voix basse.

— Jorda, vous avez vu mon père.

— Il y a un mois ; j’étais à son service. J’y suis entrée le lendemain de votre départ, à ce que l’on m’a dit.