trale de la police et le Saint Synode, que je vais consulter télégraphiquement, auront statué sur votre sort.
— Quoi ? Vous me priveriez de votre surveillance si remplie de sollicitude ?
— Rien ne s’opposera à ce que je reprenne mes habitudes, accentua Kozets d’un ton venimeux, car, à moins que je me trompe fort, le Saint Synode ne verra qu’un moyen certain d’assurer le secret de la « Française »…
— Sans indiscrétion, puis-je connaître ce moyen ?
— Comment donc… Vous n’avez pas deviné, c’est élémentaire pourtant… On ferme la bouche capable de révéler ce qui doit rester ignoré.
— On la ferme ?…
— Oh ! de façon péremptoire, Douze balles dans le corps ; un projectile de revolver, dit « coup de grâce », dans le crâne, et l’on est assuré du mutisme du patient, fût-il le plus bavard des hommes.
À ces horribles paroles, Mona dut s’appuyer au mur. Il lui semblait que son cœur avait cessé de battre, que tout tournait autour d’elle.
La voix du prisonnier la rappela à elle-même.
— Je tiens cependant le pari, disait Dodekhan.
Elle le regarda avec une épouvante stupéfaite. Comment, plongé dans un silo, gardé par six soldats, par M. Kozets lui-même, il pariait encore de partir le lendemain !
Quel était donc le personnage assez sûr de ses forces ou assez follement outrecuidant pour oser lancer pareil défi ?
Sans doute Kozets se fit des réflexions analogues, car il ricana :
— Si c’est une idée fixe, faites-nous part des termes dans lesquels vous pariez.
— Volontiers… Je quitterai Aousa demain.
— Demain… Ah çà ! vous n’avez pas écouté ce que je viens d’avoir l’honneur de vous confier…
Avec un haussement d’épaules Dodekhan répliqua :
— Le silo, six soldats, vous en personne…
— Il me semble que cela rend votre pari terriblement aventuré.
— Peuh ! ces enfantillages n’auront aucune influence…
— Vous dites ?
— Aucune influence. Donc, demain, je serai parti ; mais je reviendrai dans six mois, pour délivrer le général Labianov, un officier droit et bon, qui sera alors prisonnier.
— Comment ? comment ? Quel est ce conte ?
— Ce n’est pas un conte, monsieur Kozets, c’est un pari.