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MISS MOUSQUETERR.

Cette découverte lui rendit toute sa présence d’esprit. Il toisa celui qui venait de prendre la parole. Malgré la blouse flottante, il discerna les épaules étroites, la stature chétive du personnage, et tranquillement :

— Ma foi non, monsieur Félix, j’avais pensé qu’en vous accompagnant chez le docteur Elleviousse, je vous aurais assez vu pour un jour.

Les mots prononcés, il les regretta presque aussitôt. Les inconnus avaient sursauté. Celui qu’il venait de désigner s’était tourné vers ses compagnons, dans une attitude implorant un ordre. Mais le plus grand des trois hommes éleva la main, puis parla à son tour :

Son organe également était familier à Max ; c’était là le personnage qui, au bastidou, avait dit les paroles qui lui revenaient en mémoire.

— Vous voulez nous voir, regardez-nous.

Cette fois l’homme laissa tomber ces mots qui sonnèrent ainsi qu’un glas.

— Il est dangereux de nous reconnaître.

Ce n’était point le ton qui troublait. Non, le Masque Jaune s’était exprimé avec calme, d’une voix blanche, c’est-à-dire monotone, sans colère. Mais sous cette indifférence apparente, on sentait la résolution froide que rien ne pouvait arrêter.

Toutefois, Max, brave par nature, haussa les épaules. Narguer le danger est presque une victoire. Et il répondit :

— Il est aussi dangereux d’être reconnu. Le nouvel interlocuteur du romancier secoua, la tête :

— Non.

— Parce que ?

— Parce que nous avons trois poignards qui nous assureront votre silence.

— Il me suffit d’un cri pour que l’on accoure, pour que l’on vous arrête…

— C’est vrai, fit paisiblement l’inconnu. Max le considéra avec étonnement.

— Vous le pensez comme moi ?

— Parfaitement !

— Alors une réflexion doit s’imposer à vous. Vous me tenez, soit. Vous pouvez me tuer. Mais, je vous tiens également. Dès lors, l’affaire est mauvaise, compromettre trois vies pour en abattre une seule.

Mais le jeune homme se tut, le mystérieux personnage disait doucement :