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Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/478

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UN ENFER SCIENTIFIQUE.

revenu ici, hurlant de rage. La puissance du Drapeau Bleu s’émiettait. Il ne fallait plus songer qu’à venger les morts.

— Le Maître Log ? lança, le gamin avec une ferveur bien jouée.

— Oui, le Maître Log. Ah ! ah ! tu le regrettes aussi. Va, tu as raison. Lui, était l’intelligence qui pouvait commander aux machineries de la science. Moi, nous, ne sommes que des dévoués, des serviteurs, inhabiles à l’initiative, faibles depuis que ses lèvres closes ne commandent plus.

Il secoua la tête, et d’un grand geste faisant mine d’éloigner la pensée importune :

— Le Drapeau Bleu n’exterminera plus les gens d’Europe, gronda-t-il ; celui qui pouvait le mener à la conquête n’est plus. Les serviteurs sont bons seulement à venger le Maître… C’est pour cela que je suis revenu.

Et avec une ironie froide, dardant sur les prisonniers son regard sanglant :

— Depuis… il y a quatre journées de cela. — Ils souffrent, par mon ordre, les tortures de la faim.

Un cri déchirant l’interrompit. Mona tendait vers lui ses mains suppliantes :

— Grâce ! grâce !

— Que demandes-tu grâce, jeune fille ? Oublies-tu le passé ? Auriez-vous fait grâce au Maître, vous autres ? Et les morts gémissent de n’être pas encore vengés.

Sa voix se fit plus rude.

— Ils vont l’être. Dodekhan, le duc Lucien, vont s’éteindre lentement. Vous, vous allez souffrir cruellement. Nous camperons ici. Chaque jour, je vous ferai connaître les progrès de la faiblesse chez eux. Aux repas, vous songerez qu’ils ont faim. Durant les heures d’oisiveté, votre tendresse multipliera vos angoisses. Vous ressentirez au cœur une douleur pour chacune des souffrances qu’ils éprouveront.

Et les dents serrées, se courbant pour amener son visage à hauteur de ceux de ses interlocuteurs :

— Quand je jugerai que peu d’heures leur restent à vivre, alors, je vous conduirai dans le temple, et devant eux, sans force pour vous défendre, presque stupides d’inanition, des bourreaux ingénieux vous supplicieront lentement.

Je vous réunirai dans la mort. Au pays des esprits, vous serez les esclaves du Maître que vous avez tué.

Cette fois, les prisonniers furent atterrés. Tout l’échafaudage de leurs com-