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MISS MOUSQUETERR.

— Mes amis, dit-il, mon père et moi avons souhaité trop tôt l’Asie émancipée. Le temps seul lui donnera la compréhension de la liberté. Les trésors scientifiques amassés par Dilevnor, je veux les léguer intacts à celui de nos descendants qui aura l’honneur de conduire la race jaune à la délivrance. Ce temple, ce souterrain seront désormais inabordables ; les chemins qui y accèdent vont disparaître, broyés par l’explosion de mines préparées de longue date. Mona, ma fiancée, et moi, saurons seuls comment l’élu pourra pénétrer dans la métropole des Graveurs de Prières. La vérité sera transmise, de génération en génération, à l’aîné des descendants de Dilevnor.

Lucien durant ce discours, avait détaché sir John Lobster qui s’ébrouait, avec des grâces de canard sortant de l’eau.

Dodekhan s’approcha du tableau bleu. Son index toucha chacun des points marqués sur le plan voisin, puis sa main courut sur le tableau aux manettes, se posant suivant un ordre déterminé sur les poignées de cuivre et d’argent.

Et soudain, il sembla que la terre frémissait. Des grondements ébranlèrent l’atmosphère, la montagne frissonna sur sa base, et toujours des fracas se succédaient, s’éloignant, s’assourdissant peu à-peu, pour s’éteindre enfin dans un silence pesant.

Alors, le jeune homme essuya une larme perlant au bout de ses cils ; il apparut à ses amis, pâli, courbé par la fatalité plus puissante que la volonté humaine, et d’une voix tremblante, il dit :

— Le chemin mystérieux du temple n’existe plus. Que le génie de la science de Dilevnor y dorme, jusqu’à ce que vienne le réveiller l’élu marqué pour régénérer l’Asie.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cinq jours plus tard, le général Stanislas Labianov voyait entrer au quartier général, sa fille ses amis.

Tous semblaient exténués. Guidés par Dodekhan, ils étaient rentrés dans les galeries du temple. Une marche presque fantastique, dont le souvenir leur donnait le vertige, avait commencé, avec des pans de rochers leur livrant passage sous la poussée de mystérieux ressorts, puis se refermant derrière eux.

Enfin, ils avaient débouché dans un ravin, mais sans pouvoir discerner l’issue qui leur avait permis de sortir des souterrains. Quatre étapes, fécondes en détours, en difficultés de toutes sortes, les avaient ramenés au camp anglo-russe.