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III

LES GUATUSOS

Le lendemain matin, M. le conseiller Rabata, en sa qualité de secrétaire de la présidence, fut admis au petit lever. Son Excellence avait admirablement dormi dans les draps de l’État ; on lui avait déjà servi le chocolat des contribuables, et il s’était enquis de sir Murlyton et d’Aurett qui, de leur côté, avaient pris un repos bien gagné dans les appartements réservés. Rabata venait, suivant l’usage, apporter au président un mois de son traitement. Lavarède eut un beau mouvement et un geste dramatique :

— Je n’ai que faire de cet argent, dit-il ; j’ai servi la cause de la liberté pour elle-même, et non pour quelques méchants dollars ; consacrez cette somme au budget de l’instruction publique.

La belle réponse du général La Bareda ne tarda pas à être connue dans la ville, et sa popularité ne fit que s’en accroître. La Chambre se réunit en séance publique. À l’unanimité des douze représentants, on lui vota comme récompense nationale le plus haut grade dans l’ordre de l’Étoile de Costa-Rica, un sabre d’honneur, un muletier également d’honneur chargé de servir la mule Matagna et au besoin le président. À Agostin, l’Indien du