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LES CINQ SOUS DE LAVARÈDE

capitaine du Heavenway, ex-capitaine marchand, que la haute paye offerte par la « Box-Pacific-Line » avait séduit, regardait aussi. Il était peu probable qu’il se présentât un supplément de chargement à cette heure ; mais on ne sait jamais et le « captain » était « paré » à recevoir l’imprévu.

La tête massive, le sang à la peau, la face élargie par des favoris roux, le maître, après Dieu, à bord du Heavenway était un Yankee dans toute la force du terme, aimable, peu ; bavard, pas ; mais pratique au possible, sachant utiliser les événements et la place. Son navire jaugeait deux mille tonneaux. Il trouvait le moyen d’y faire entrer pareil poids de marchandises et par-dessus le marché, les défunts chinois et les passagers vivants !… L’heure du départ était venue.

— Sommes-nous en pression ? demanda le capitaine à son second, debout sur la passerelle.

— Oui, monsieur.

À ce moment un homme pressé, une valise à la main, pénétra sur le steamer en demandant d’une voix anxieuse :

— Monsieur Mathew, commandant du Heavenway ?

Sir Murlyton et sa fille eurent un geste de mécontentement. Le nouveau venu était Bouvreuil.

L’usurier avait fait parler Vincents, et, de son récit, il avait conclu que Lavarède devait être à bord du vapeur, car il s’était trop intéressé aux Chinois pour que cela ne cachât pas quelque chose de suspect. Cette