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XIX

LE LOTUS BLANC

Le jour venait à peine de paraître, lorsque Lavarède fut tiré de son sommeil par l’entrée processionnelle de Chun-Tzé, suivi de son greffier, de Diamba et d’un personnage à uniforme bleu et vert, spécial aux agents de la police.

Il s’assit sur son lit, et considéra les visiteurs. Le directeur s’épongeait le front, Diamba baissait ses paupières rougies par les larmes. Le greffier et l’agent demeuraient impassibles : La petite Chinoise annonça au prisonnier qu’il allait être transféré à Peking pour y être exécuté, et que Fonni-Kouen, policier estimé, l’escorterait.

Le voyageur accueillit d’abord la nouvelle avec satisfaction. La prison lui pesait ; mais quand, descendu dans la cour, on lui eut pris le col et les poignets dans les planches de la cangue, il commença à penser que le changement n’est pas toujours une amélioration.

Dix Toas, ou policiers, étaient préposés à sa garde.

Après les adieux amicaux à Chun-Tzé et à la pauvre Diamba tout éplorée, les portes de la prison s’ouvrirent et le cortège se mit en marche. Le guide Fonni-Kouen remonta le fleuve. Bientôt la petite troupe sortit de la ville et s’engagea dans la campagne. Des paysans faisaient la récolte du maïs et du sorgho ; et, dépouillée de sa parure de plantes, la terre apparaissait d’un jaune doré particulier à ces contrées.