Page:Ivoi Les cinq sous de Lavarède 1894.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXII

LES HAUTS PLATEAUX DU THIBET

Poussée par un vent modéré, la montgolfière flottait au-dessus d’un océan de nuages qui cachaient la terre.

— Pourvu que nous marchions vers le sud, dit Rachmed, bientôt nous nous trouverions dans les admirables campagnes qui s’étendent entre Calcutta et les monts Bouraïl, le pays de Manipour.

— Tout près de la mer, acheva Murlyton, tandis qu’à l’est nous retomberions en Chine et à l’ouest nous aurions à franchir les plateaux du Kachmyr et du Pamyr, le toit du monde.

— Cela vaudrait encore mieux qu’au nord, monsieur.

— Pourquoi cela ?

— Parce que, dans cette direction, on ne rencontre que le Gobi et l’interminable désert glacé. Avec Bonvalot, il nous a fallu deux mois pour le traverser ce « pays de la faim ».

Une exclamation joyeuse de Lavarède interrompit la conversation. Il avait approché la boussole du « chauffoir » de l’aérostat et, à la clarté vacillante de l’alcool, il la consultait.

— Nous filons vers le sud-est, mes amis, déclara-t-il… Demain, sans doute, nous serons en vue des établissements anglais.