Page:Ivoi Les cinq sous de Lavarède 1894.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
361
PHILOSOPHIE ALLEMANDE.

que la Volga, steamer de la Compagnie impériale de navigation sur la mer Noire, partirait le lendemain, 16 février, pour Odessa.

— Nous prendrons passage à bord de ce navire, demanda l’Autrichien au journaliste ; cela vous va-t-il ?…

— Volontiers, répondit celui-ci.

Et, en a parte, il ajouta :

— 16 février, je dois être à Paris le 25 mars avant la fermeture de l’étude de maître Panabert, notaire. J’arriverai.

Peut-être le père de Pénélope lut sa pensée dans ses yeux, car il riposta par une épouvantable grimace et ne dit plus un mot.

Après un déjeuner substantiel, Armand s’offrit le luxe d’un excellent cigare. Il envoyait malicieusement la fumée odorante au nez du propriétaire, de plus en plus sombre.

— Vous vous ennuyez, mon bon monsieur, dit-il enfin.

— Je ne vous parle pas, répliqua sèchement Bouvreuil.

— C’est bien ce que je pensais, continua le Parisien ; l’ennui, le terrible ennui qui rend désagréables même les gens qui le sont toujours.

Et s’adressant à Schultze, dont les yeux fureteurs allaient de l’un à l’autre :

— Nous quittons la ville demain. Si nous nous promenions au lieu de demeurer enfermés dans cette chambre.

— C’est que…

— Je sais… Mais vous me tiendrez comme ce matin… et puis je ne veux pas me sauver.

— Si vous en aviez l’occasion ?

— Je n’en profiterais pas.

Le policier sourit :

— Diable d’homme… Vous avez une conviction…

— À démonter Razil-Mograb.

— Quel est celui-là ?

— Le philosophe persan qui le premier a dit : Laissez faire le Destin.

Malgré lui l’Autrichien s’inclina. Son prisonnier connaissait la philosophie persane qu’il ignorait, lui ! Armand très égayé par son attitude acheva de le décider en ajoutant gravement :

— Razil-Mograb fut aussi le précurseur de Sidi-Moufmouf, le philosophe de Montmartre.

— Connais pas celui-là non plus.

— Tenant compte, poursuivit imperturbablement le jeune homme, que