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VII

EN COSTA-RICA

Durant une semaine, Lavarède eut le loisir de comprendre l’inanité du mépris des richesses, car seul il allait à pied.

Sir Murlyton, lassé de marcher, avait tout simplement acheté la mule d’un Indien qui passait ; et, l’ayant enfourchée, sans la moindre selle anglaise, il escortait la voiture où se tenaient miss Aurett et la femme de Ramon.

Quoiqu’un peu penaud, Armand fit bon visage à cette mauvaise fortune, et sans doute le dieu qui le protégeait lui sut gré de sa joyeuse humeur, car le neuvième jour il lui vint en aide.

Tous avaient couché dans un pueblo tule. Tule est le véritable nom de ceux que les Espagnols appelèrent improprement Indiens. On traversait la grande Savane, dans la direction du Chiriqui, l’un des nombreux volcans de la région, toujours en éruption, lorsque le journaliste avisa, près d’un torrent, le Papayalito, un campement de muletiers.

Deux mules seulement composaient l’équipage ; elles broutaient. Les cuivres de leurs harnais brillaient au soleil, et leur aspect contrastait avec l’allure misérable des deux hommes qui les gardaient, couchés à l’ombre d’un arbre.