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Page:Ivoi Les cinq sous de Lavarède 1894.djvu/92

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EN COSTA-RICA.

et quelques soldats qui l’amèneront plus tard devant l’alcade de Cambo. Ne perdez pas de temps pour accomplir votre mission, qui est de conduire cette jeune Anglaise à don José, au château de la Cruz.

Un militaire ne connaît que sa consigne. Moralès s’exécuta. Au surplus, ce señor Français n’était pas dans le programme officiel ; c’était par un hasard, dont avait su profiter Bouvreuil, qu’il s’était trouvé en plus dans la caravane attendue sous une hypothétique accusation de vol. Il était tout naturel que l’on se remit en marche sans lui.


Lentement il prit les vêtements du journaliste.

Mais, dès le début de la route, miss Aurett, qui avait reconnu Bouvreuil depuis la veille, et qui connaissait la conversation échangée en chemin entre les deux ennemis, demanda d’un air dégagé où était M. Armand.

— Il cuve son vin, répondit le haineux personnage. Il est resté chez le ranchero, sous la garde du muletier Hyeronimo et de deux soldats.

— Mais je croyais que nous ne devions pas le quitter, tout au moins ne pas le perdre de vue ?

— Aoh ! c’est juste, fit Murlyton.

— Soyez sans crainte, riposta Bouvreuil. Il nous rejoindra dans la journée ; sa garde a reçu les ordres nécessaires. Quant à nous, nous devons reconnaître la politesse de M. le Gouverneur en nous rendant sans retard à son aimable invitation.

Le soir même, le capitaine Moralès recevait les félicitations del señor Gobernador pour avoir bien amené au château les illustres personnes confiées à sa garde.

Ce que don José appelait pompeusement le château de la Cruz était une hacienda, entourée de plantations de café et close de haies épaisses de