Aller au contenu

Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De plus, lorsque les enfans ne sont pas assujettis de bonne heure à se rendre à l’école, et qu’ils sont hors d’état, par rapport à leur âge, de travailler avec leur père, ils se livrent bien plus facilement à la dissipation, et ont ensuite beaucoup plus de répugnance à s’accoutumer au travail[1] ».

On le voit, les enfants pauvres de Moulins avaient dans l’abbé Aubery un avocat toujours prêt à plaider leur cause.

Veut-on savoir maintenant le traitement qu’on faisait aux Frères qui étaient devenus les auxiliaires de Louis Aubery, pour le rude labeur qu’ils accomplissaient chaque jour, en instruisant près de 300 enfants ? Un document qui se trouve aux archives de Mâcon, va nous l’apprendre :

« Il y a eu plusieurs années, à Moulins, trois Frères à qui le bureau paioit 550 livres de pension. Il en mourut un, il y a plusieurs années, et depuis ce tems, ils ne sont plus que deux, qui ont ordinairement chacun 140 écoliers dans leur école. Elles se font gratuitement : un point des réglemens est de ne rien recevoir des enfans ni de leurs parens. Ils s’y conforment si exactement qu’ils se feroient scrupule de recevoir une poignée d’herbes pour mettre au pot, et ils sont obligés de tout acheter.

Ils n’ont cependant pour tous les deux que 400 livres de pension, sur quoi ils payent pour leurs habits, au procureur de l’institut, 30 livres par an. Il faut qu’ils s’entretiennent de souliers, de linge, de bois, de charbon et des ustensiles de leur petit ménage ; ils sont chargés de fournir les livres pour les deux écoles, d’entretenir les vitres, etc. Tout cela pris sur les 400 livres, il ne leur reste pas de quoi subsister, surtout depuis quelques années que les denrées ont été très chères, quoique la vie qu’ils

  1. Archives départementales, Mémoire pour les écoles charitables de la ville de Moulins, S. D. no 101.