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Page:JJ Moret - Louis Aubery, fondateur des Ecoles charitables de Moulins, 1682-1730, 1893.djvu/31

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devoirs envers Dieu s’acquittent mal de leurs devoirs envers leurs maîtres.

« Les écoles chrétiennes finiroient ces désordres : on éleveroit ces jeunes plantes dans une juste crainte des jugemens de Dieu, on leur inspireroit une fidèle obéissance à leurs maîtres ; on leur feroit connaître les suites funestes de la fainéantise, la nécessité du travail pour subsister… En leur apprenant à lire, à écrire, à chiffrer et à chanter, on les rendrait capables de se perfectionner dans tous les arts. On verrait par là diminuer le nombre des pauvres fainéans et libertins. »

On éprouvait partout le besoin d’avoir des écoles charitables pour les enfants du peuple, et l’on cherchait des maîtres pour les tenir.

C’était le problème de l’enseignement gratuit qui se posait déjà, mais avec un plus grand besoin qu’aujourd’hui. Il fut résolu sans contrainte, par le seul effort de la charité, grâce aux sentiments de dévouement d’un côté, de respect de l’autre, qui unissaient alors les pauvres et les riches. La religion qui avait fortement pénétré dans les esprits, entretenait entre ces deux classes une bienveillance mutuelle qui profitait au bien de tous. Les pieux laïques des XVIIe et XVIIIe siècles qui mettaient tout leur temps, tous leurs biens, au service de la religion, étaient moins rares qu’aujourd’hui, et le peuple, en s’adressant à eux dans ses besoins, était toujours assuré de se voir secouru. Nous en avons un touchant exemple dans la lettre suivante adressée, en 1705, par les « pauvres de Dijon » aux notables de cette ville, pour obtenir la fondation d’écoles charitables. Ce document mérite d’être cité en entier :

« Vous savez, Messieurs, combien cette ville est remplie de pauvres et dépourvue de personnes zélées pour veiller à l’instruction et à la bonne éducation de nos enfants : ce qui est cependant, comme chacun en convient, l’œuvre la plus nécessaire, tant pour le public que pour les particuliers. C’est ce qui nous fait recourir