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permis de déplorer la perte de la recette du talisman faisant pousser les ailes du bonheur.

Les Kmers croient encore aux augures, aux songes, et vont dormir dans les cimetières sur certaines tombes de morts, pour être inspirés par eux.

Fête des Morts. — Elle a lieu le dernier jour de la lune de Septembre et se nomme le pchum bin. On se réunit en masse dans les pagodes, où l’on apporte des quantités de nourriture de toute sorte aux morts qui, ce jour-là, ont reçu de Bouddha l’autorisation de quitter les enfers.

Il y a lieu de remarquer cette croyance aux enfers, commune au Bouddhisme et à beaucoup d’autres religions qui la lui ont empruntée. D’après M.  Moura, déjà cité, les morts reviennent invisibles, ce qui se conçoit aisément, et la fête dure trois jours. Le troisième jour, les bonzes congédient ainsi les esprits des anciens en leur disant : « Allez aux pays, aux champs que vous habitez, aux montagnes, sous les pierres qui vous servent de résidence. Allez, retournez ! Au mois, à la saison, à l’époque ultérieure, vos fils et petits-fils penseront à vous, et vous reviendrez alors. »

Fêtes du Cat-sac et Bénédiction des eaux. — Les Kmers célèbrent encore deux fêtes, qui sont probablement des vestiges du Brahmanisme : 1o le Cat-sac, tonte du toupet des enfants, entre onze et treize ans, qui fait l’objet de fêtes familiales avec l’assistance et la bénédiction obligatoire du bonze ; 2o la Bénédiction des eaux, qui donne lieu à une longue cérémonie religieuse de la part des bonzes.

Il reste encore au Cambodge la caste spéciale des Bakou, qui prétendent descendre des anciens brahmes, dont ils ont gardé quelques usages. Ils conservent, comme prérogatives, la garde de l’épée royale, portent