Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/150

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Mistis, Quarterons, Mulâtres et Capres. — Le Mulâtre est le produit direct (neuf cent quatre-vingt-dix-neuf fois sur mille) du Blanc pur et de la Négresse. Ceux qui sont nés d’Européens établis dans le pays, ou de parents Créoles blancs qui peuvent les élever et leur donner les moyens de prospérer, montent vite dans la catégorie des gens du monde. Il y a déjà bon nombre de familles de ce genre. Mais le fruit des relations de la Négresse avec des Européens peu fortunés, de passage dans la Colonie (surnommés Massogans), ou même de simples soldats, forment une véritable catégorie de déclassés.

Il faut remarquer que le Mulâtre provient presque toujours du Blanc avec la Négresse ; une fois sur mille seulement de la Blanche avec le Noir. C’est une sélection bien nette et bien franche, dans laquelle la femme représente l’élément inférieur et l’homme le pur-sang. Signalons en passant que les naissances féminines l’emportent de beaucoup sur les naissances masculines. Il n’y a pas, comme au Chili, quatre ou cinq femmes pour un homme, mais il y en a certainement plus de deux.

La Négresse qui met au monde un enfant plus blanc qu’elle, s’impose les plus durs sacrifices pour l’élever ; elle fera tous les métiers et s’usera à la peine pour assurer l’existence de sa progéniture et « li gain quéque sous maqués » (sou marqué, monnaie de billon). Mais la vie est si facile, dans un pays où l’on n’a besoin ni de bois ni de charbon pour se chauffer, et où l’on se nourrit de bananes cuites (bacoves), de fruits, de poisson de vase, de cassave et de manioc !

Faire un enfant n’est pas un déshonneur pour une Négresse ou Mulâtresse, surtout si l’enfant vient d’un Blanc. Elle lui donne comme parrain (considéré comme père putatif) celui de tous ses amants dont la position