Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/187

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Et la conclusion de ce beau dilemme fut l’acquittement de l’accusé.

Le forçat qui viole la vieille Négresse. — Une autre cause grasse nous fut donnée par l’évasion d’un transporté en cours de peine, qui, envoyé en corvée dans la ville pour couper les herbes, se sauva avec son sabre d’abatis, trouva un canot sur le bord de la mer et, traversant la rade de Cayenne, prit pied sur le territoire de Roura. Là, se cachant dans le bois, il pénétrait dans les habitations, aux heures où les hommes et les femmes valides travaillaient aux champs, et, par la terreur de son sabre d’abatis, se faisait remettre des provisions par les vieilles femmes restées dans les cases, puis les violait pour les récompenser de leur hospitalité. Traqué, un beau dimanche, par la population entière, l’évadé, menacé d’être assommé comme un chien, fut pris et ramené au Pénitencier.

C’était un Normand d’une quarantaine d’années, retors et rusé. Les Noirs l’accusaient de prendre les vieilles femmes de force, mais lui se défendait comme un diable, déclarant qu’après avoir reçu la pâtée de ces charitables vieilles, c’était sa manière à lui de payer son écot à ces pauvres vieux troncs, où personne ne mettait plus son aumône ; il ajoutait que, de sa part, c’était un acte de dévouement (sic), et que ce mode de paiement en nature était reçu avec des transports de reconnaissance.

« Mon Dieu, » dit notre jovial Président, « quoique vous soyez loin d’être un Adonis, la chose est soutenable, et votre courage méritoire. Mais il faut que la déposition de ces dames corrobore votre assertion. »

Le sexe féminin, mis ainsi en cause, était représenté par une grande diablesse de Négresse, d’au moins soixante-cinq ans, longue et maigre comme une haridelle de diligence, avec une tête de vieille jument. Les autres vic-