Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/192

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tite, etc. À l’époque de la grande opulence de l’île, les riches Créoles avaient tous des maisons de campagne sur ces hauteurs, où ils venaient passer la saison chaude et retremper leurs forces. La race blanche a pu ainsi lutter contre les intempéries d’un climat moins rude cependant que celui de la Guyane.

Préjugé de la couleur. — Il ne faut donc pas s’étonner de trouver ici (il en était du moins ainsi en 187.,) le préjugé de la couleur, qui n’existe pas à la Guyane. La vraie race Créole blanche a constitué une sorte de Faubourg Saint-Germain complètement fermé à l’élément de couleur. Celui-ci a pu devenir, grâce à l’appui du bulletin de vote du Noir, la caste politique prédominante : la vieille société Créole l’a tenu soigneusement à l’index et lui a fermé ses salons. Le Créole blanc considère le sang-mêlé avec autant de dédain que le noble de vieille roche regarde son valet de chambre, et encore celui-ci ne peut point se targuer, comme le premier, d’avoir des aïeux qui ont acheté et vendu au marché les grands parents des gens de couleur.

La race noire à la Martinique. — Le Nègre et la Négresse de la Martinique sont plus grands, plus sveltes, plus élancés que leurs congénères de la Guyane. J’avais fait cette remarque lors de mon premier passage, et ce fut un vieux Créole blanc de Cayenne qui m’en donna l’explication. Il paraîtrait que les navires négriers, à l’époque de l’esclavage, commençaient par offrir leur marchandise humaine aux Antilles, où l’on prenait naturellement le dessus du panier, comme qualités physiques, et le rebut allait ensuite à la Guyane. Si ce fait est exact, et je n’ai aucune raison de croire le contraire, l’explication de l’infériorité corporelle du Noir Guyanais serait toute naturelle. Il faut également y ajouter l’influence du climat plus débilitant de la Guyane. Le Noir de la Marti-