Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rare chez la Négresse. Elle méritait bien le nom de Messaline.

Goût du Noir pour la femme Blanche. — Si la Négresse a généralement peu de goût pour le Toubab, on n’en saurait dire autant du Noir pour la Blanche. C’est un raffinement de haut goût érotique pour un Nègre, lorsqu’il peut avoir affaire à une diggen Toubab, et c’est un caprice que bien peu ont l’occasion de se payer. Les Créoles de Saint-Louis montrent pour le Nègre la même répugnance que celles des Antilles et de la Guyane. Quant aux femmes Françaises, elles sont en bien petit nombre dans les colonies ; ce sont généralement des femmes d’officiers, de fonctionnaires, et leur condition sociale les met généralement à l’abri de pareilles incartades. Peut-être quelqu’une d’entre elles, d’un tempérament lascif, aurait-elle la fantaisie de s’assurer si le Noir est bâti autrement que le Blanc, si la crainte d’un produit coloré ne venait amortir les feux de sa concupiscence : Timor fructus nigri, initium prudentiæ. Je n’ai eu connaissance que des écarts d’une seule femme Blanche, se prostituant à des Nègres ; mais c’était une hystérique.

Une Messaline Blanche. — Cette malheureuse avait rendu malade son mari par l’excès du coït. Je fus obligé de l’envoyer à l’hôpital pour qu’il pût avoir un peu de répit. Restée seule dans un petit logement, non loin du quartier Nègre de la pointe du Nord, elle ne tarda pas à mener la conduite la plus scandaleuse. Dans le milieu de la journée, aux heures les plus chaudes, où l’on est certain de ne voir dans la rue ni Blanc, ni Créole, elle se mettait, moitié nue, à sa fenêtre, et appelait par signes les Nègres qui passaient dans la rue. Il en vint d’abord un, puis deux, puis trois, etc., enfin des groupes entiers, qui assouvissaient à tour de rôle sur elle leur passion