CHAPITRE III
a Popinée, propriété du Chef. — Toute
fille de la tribu naît propriété du Chef, qui
ne cesse d’avoir droit sur elle qu’au moment
où il la donne à ses guerriers. Avant cela, il
les vend, il les loue et même les mange, si tel est son
plaisir. Le Chef de Koné ne voulait pas vendre de
femmes aux Européens, mais il les louait. Le Chef de
Canala, Kaké, moins exclusif, en a, dit-on, vendu à certains
colons. On m’a assuré qu’il y a à peine une dizaine
d’années, on voyait encore, dans plusieurs tribus de l’intérieur,
des pilous-pilous où l’on mangeait des filles captives,
provenant de tribus rebelles. J’ai déjà dit que la
malheureuse Popinée Canaque était chargée des travaux
de la cuisine et de satisfaire à tous les besoins de l’escouade ;
il me reste à expliquer la chose.
Le mariage Canaque. — La polyandrie. — Par le fait, le mariage Canaque n’existe pas. Le Chef donne des femmes à ceux de ses guerriers dont il est content : c’est en cela que consiste toute la cérémonie du