Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/52

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des groupes de femmes stationnant devant la table du restaurateur ambulant, ou assises à l’ombre d’un arbre. Il n’est pas nécessaire de se mettre en frais de conversation avec elle ; un geste, un signe, un coup d’œil suffit, et vous avez beau passer rapidement en voiture, vous ne tarderez pas à être suivi jusqu’à domicile.

La femme qui opère en ville sort généralement du bambou, et, tout comme la marmite de Belleville, elle est exploitée par un souteneur qui la protège contre les agents de police. Ceux-ci sont indigènes, car à ces heures chaudes de la journée, il y aurait du danger pour un agent Français à circuler dans la rue ; et ils se laissent facilement gagner par un petit cadeau. Ils ferment les yeux.

Une fois chez vous, la belle de jour se targue de ses connaissances en matière érotique : « Moi bon putain, moi bocou conaîte Pha-lan-za. » Elle n’est pas froissée que l’Européen, rebuté par son horrible odeur, lui propose la Sodomie. Elle va même au devant de l’offre, et si cela n’agrée point encore, d’horizontale elle se transforme en agenouillée ; il n’est point de pratiques obscènes qu’on ne puisse en obtenir. C’est une simple question de tarif. C’est même par là qu’elle débute en vous indiquant à l’avance le prix qu’elle demande pour tel ou tel genre de volupté.

Plaignons sincèrement le malheureux qui, se fiant à l’exhibition d’une carte de visite médicale (empruntée le plus souvent à une femme du bambou), sacrifie à la Vénus naturelle. Si ce n’est la syphilis, tout au moins la gonorrhée lui apprendra que les roses blanches Annamites ont des épines.

Une fois qu’elle sera venue chez vous, la belle de jour cherchera à y revenir, et vous aurez beau la consigner à la porte, elle trouvera moyen de dépister les boys et