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Peu à peu, les patriciens déléguèrent au plus ancien d’entre eux le pouvoir d’offrir les sacrifices au dieu commun que les tribus s’étaient donné. Ce fut le premier roi. Mais son autorité tenait à la religion seule et ne s’étendait pas aux autres questions. Pour tout ce qui concernait la cité, l’assentiment des chefs de famille était indispensable ; le roi ne pouvait agir sans être d’accord avec eux, et quand cet accord n’intervenait pas, comme il n’avait pas le moyen d’imposer son avis, il devait s’incliner.

Ce système dura aussi longtemps que le roi s’en accommoda.

Un jour, il s’en trouva un qui eut l’idée et l’audace de rassembler sous ses ordres tous ceux qui, dans la cité, ne faisaient pas partie d’une famille, d’une phratrie, d’une tribu : mécontents, vagabonds, étrangers et fils d’étrangers constituant la plèbe et qui, n’étant rien, ne pouvant rien être, aspiraient à devenir quelque chose. Ce roi se donna ainsi une force indépendante, un moyen de pression sur les tribus et fut, en fait, le premier dictateur.

Sa postérité fut nombreuse. La formation de la société grecque s’opéra à coup de révolutions dirigées, les unes par les rois contre l’aristocratie, d’autres par l’aristocratie contre le pouvoir royal, les dernières enfin par la plèbe qui