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Page:Jacques Bainville - Louis II de Bavière.djvu/101

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moments où je ne jurerais pas que tu n’es pas fou. » Ah ! Sire, quelle imprudence qu’une parole semblable quand on n’est parfaitement sûr ni de son valet de chambre, ni de son coiffeur, ni de son cocher !

Il se rendait parfaitement compte aussi des défaillances de sa volonté. « Les journaux manquent de tact et voudraient que je fusse toujours gracieux, disait-il encore ; mais tout ce qui continue sans arrêt me fatigue. » Et puis, il était brusque, sujet à de violentes colères, exigeant avec ses serviteurs, avec ses secrétaires de cabinet eux-mêmes. Mais le roi se rendait compte aussi de ses exigences. Et il lui arrivait de dire avec bonhomie : « Pour rien au monde, je ne voudrais être mon propre chef de cabinet. » M. de Ziegler, l’un de ses secrétaires, n’a raconté qu’une extravagance un peu notable : un jour, pendant la lecture du fastidieux rapport, Louis II prit sur sa table un revolver et visa son secrétaire, qui ne prit pas la chose au tragique. « Votre Majesté n’aurait pas le courage de tirer », dit-il. Louis II, en effet, ne tira pas. Pourtant, il s’emportait quelquefois contre l’insupportable Ziegler, qui prêchait économies, devoirs envers l’État, et qui continua d’ailleurs à prêcher vainement, même après cette scène de menaces pour rire.

Mais ce qu’on reprocha le plus vivement à Louis II, dans la dernière période de sa vie, ce fut les amis dont il s’engoua. À seize années de distance, la passion qu’il avait eue pour Richard Wagner se renouvelait. Cette fois, son amitié exaltée s’adressait plus bas : c’était encore à un homme de théâtre, car la séduction des planches restait toujours puis-