mule conciliante pour toute présentation. Ensuite, il s’informa des projets de Wagner, de ses besoins. Il lui offrait son amitié, sa protection et le secours du trésor royal, ne demandant guère en échange que de la docilité à se rendre à tous ses appels et de la complaisance à se laisser interroger ou contempler à toute heure. Un peu de zèle pour la correspondance était encore une condition que l’usage imposa sans tarder.
Louis II s’empressa d’acquérir pour Wagner une villa sur le lac de Starnberg, afin de le rendre voisin de son modeste et gracieux château, qui se cache là, tout blanc parmi des frondaisons admirables. En dix minutes, une voiture conduit le favori près du roi. Et le roi, une fois, deux fois par jour ou par nuit, éprouve le besoin de voir son génial ami, plus rarement de le faire asseoir au piano. « Je vole à ces rendez-vous comme à ceux d’une maîtresse, écrit Wagner à Mme Wille. Nous restons là des heures entières à nous contempler, ses yeux perdus dans mes yeux. »
Pourtant, un mois plus tard, il y a au moins une nuance de lassitude dans ces mots : « Avec ce jeune roi, il faut toujours planer sur les cimes. » Le lyrisme prolongé ennuie. Wagner s’en aperçoit, mais Louis II demeure insatiable. Son culte pour le demi-dieu ne se dément pas. Wagner écrira encore à Mme Wille, le 9 septembre : « Le jeune roi m’aime vraiment avec un enthousiasme dont vous ne pouvez vous faire une idée. Il me dit qu’il ne peut croire que je sois véritablement auprès de lui. Personne ne peut lire les lettres qu’il m’adresse sans être étonné et ravi. »
Le ravissement n’est peut-être plus tout à fait le même, mais l’étonnement a été durable, car cette correspondance, lorsqu’elle fut publiée pour la première fois, a dû être regardée comme un des plus curieux monuments du wagnérisme. Les premières lettres de Louis II sont exaltées, en-