thousiastes, mais d’un ton assez simple encore. À mesure que l’influence de Wagner s’établit, l’enflure, la recherche, les bizarreries se développent. Ce ne sont plus des lettres ni des billets. Ce sont des morceaux littéraires et des fragments lyriques où s’essayent tantôt un Siegfried et tantôt un Parsifal.
Voici la première de ces épîtres, véritable devoir de jeune homme, on peut dire même de collégien enthousiaste, écrit avec une appréciable et un peu scolaire simplicité, et qui fait, comme on le verra, un singulier contraste avec la suite de la correspondance. On voit que la fréquentation et l’influence de Wagner n’ont pas encore agi.
« Mon seul, mon cher ami,
Comme le soleil majestueux dissipe les sombres nuées angoissantes et répand au loin, avec sa lumière la chaleur et une douce volupté, ainsi m’est apparue aujourd’hui votre chère lettre m’apprenant, mon ami, que vos souffrances ont enfin cessé de vous torturer et que votre guérison approche. Penser à vous m’allège le fardeau de la royauté. Tant que vous vivrez, la vie sera pour moi belle et pleine de bonheur. 0 mon aimé ! Mon Wotan ne doit pas mourir. Il faut qu’il vive pour se réjouir encore des héros qu’il a créés !
J’ai lu avec un vif intérêt votre introduction manuscrite au Vaisseau Fantôme ; merci de me l’avoir envoyée. Le plaisir de la représentation sera double pour moi, puisque je serai en état de compléter par la pensée ce qui peut rester inexprimé. Avez-vous écrit quelque chose de semblable pour les principaux artistes de vos autres œuvres ? Dans ce cas, puis-je vous prier de me le remettre ? Ce serait pour moi d’un grand intérêt, comme tout ce qui vous touche, vous et vos œuvres. Comme je me réjouis de voir approcher le temps où mon ami chéri m’initiera aux secrets et aux merveilles de son art, qui vont me fortifier et vraiment me béatifier ! — Ici, dans mon cher Hohenschwangau, je passe mon temps en toute tranquillité et en toute joie. Un repos bienfaisant règne en ces lieux. Je trouve plus de loisir