sa musique qui est en cause. Mais on l’accuse de mener aux frais du roi — c’est-à-dire aux frais de la nation — « une vie de sybarite telle, qu’un pacha oriental ne refuserait pas d’habiter la maison de la rue de Brienne et de s’asseoir à la table du compositeur ». Que le roi, qui agit par excès de bonté, prenne garde : Wagner est un ingrat. Le roi de Saxe s’en est aperçu à Dresde, en 1848. Louis II pourrait bien se repentir un jour de ses bienfaits. En attendant, Wagner regarde les Munichois du haut de sa grandeur et, pour peu qu’ils applaudissent la musique d’Auber, les traite de barbares, de philistins et d’imbéciles. L’auteur terminait en adjurant le roi, non pas de renoncer à des relations d’amitié, mais de mettre un terme aux ruineuses exigences financières de l’illustre musicien.
Wagner répondit le lendemain par une lettre d’un ton aigre et impertinent qui ne pouvait produire qu’une impression mauvaise. Car, bien des passages de l’article accusateur, malgré leur évidente exagération, portaient juste. Satisfaisant ses goûts de luxe, attribut du génie, le bohème de la veille vivait largement aux frais de l’État. On sait que Wagner aimait à s’habiller de riches costumes. Que de fois ses ennemis se sont égayés de sa correspondance avec sa couturière !
L’effet de cet article du Journal universel avait été si grand que l’officieuse Gazette de Bavière intervint, le 25 février, et voulut remettre les choses au point. Elle insistait sur le caractère purement « idéal » et artistique des relations du roi et de Wagner : « À ce que nous savons, et nous croyons être bien informés, l’influence si étendue que l’on a attribuée au célèbre compositeur est, en fait, très limitée. Elle consiste simplement dans l’impression que les œuvres de Wagner, par leur charme poétique, ont pu exercer sur une nature artiste, sans dépasser cet étroit domaine. » La question était,