enthousiastes éditèrent dans la salle. On réclama l’auteur, et Louis poussa Wagner sur le devant de la loge. C’est de là, qu’affirmant hautement la protection et l’amitié du roi, Wagner salua ce public qui lui avait été si longtemps hostile.
Cependant, Louis II n’avait pas renoncé à son vaste projet de théâtre wagnérien. Il voulut profiter de la présence du cabinet libéral pour le reprendre. Les plans de Semper le séduisaient toujours, et, sous l’impulsion de Wagner sans doute, il essaya de les réaliser définitivement. Il ne manquait plus qu’un détail, c’était l’argent : la banque Rothschild, à qui le roi fit demander une avance par son secrétaire, M. Düflip, refusa, en alléguant que le crédit du roi de Bavière était bien ébranlé par les récentes défaites de 1866. Louis II se résigna donc à solliciter du Parlement la somme nécessaire à la somptueuse construction rêvée. Mais ce fut, parmi la population tout entière, le réveil d’une indignation si violente qu’il fallut se hâter de déclarer que le projet de théâtre monumental était abandonné à jamais. Décidément, les gens de Munich ne consentaient pas à desserrer les cordons de leur bourse. C’est alors que Wagner résolut de chercher dans une autre direction. Les habitants de Bayreuth, mieux avisés que les Munichois, offrirent au musicien le terrain nécessaire à la scène grandiose qu’il avait conçue. Ils n’eurent pas à s’en repentir : on connaît la gloire et la prospérité qu’ont valu à la petite ville les célèbres représentations wagnériennes.
Louis II donna 300.000 marks pour aider à construire « le Temple du Saint-Graal », comme on disait entre initiés du wagnérisme. Le 22 mai 1872, la première pierre fut posée. Le roi envoya à Wagner un télégramme expressif et chaleureux.
Ce fut toutefois le 6 août 1876 seulement que Louis II parut à Bayreuth pour une représentation de l’Or du Rhin.