goriquement, suivant le procédé qui lui était cher, la pensée dominante de l’œuvre. Comme ailleurs il avait mis le cygne romantique, il a voulu, à l’entrée d’Herrenchiemsee, poser l’oiseau orgueilleux.
Ces actes d’autorité alternaient avec des visites à Versailles, à Reims, sanctuaire, disait-il, du « plus haut idéal monarchique ». Et, avec le temps, à mesure d’ailleurs que Louis II s’éloignait de la vie politique de son royaume et qu’il laissait aller avec un dédain croissant la machine parlementaire et constitutionnelle, il adoptait des goûts et surtout des formules d’un absolutisme plus accusé. Il prit l’habitude de commencer ses lettres par « Moi, le Roi, je veux. » et de terminer ses ordres par un « amen » impératif. Plagiant Charles-Quint et Philippe II après Louis XIV, il signait sur les registres des auberges de montagne, d’une écriture hiératique : Yo el Rey.
Dans un tel état d’esprit, on imagine avec quelle impatience Louis II supportait sa dépendance vis-à-vis des gens de Berlin. En cette année 1875, où il avait donné déjà plusieurs preuves d’un renouveau d’énergie et de volonté, il s’avisa d’une manifestation de son pouvoir souverain tout à fait significative au point de vue de ses rapports avec la famille impériale.
Le 20 août, les troupes bavaroises avaient fini leurs manœuvres d’été, et, l’inspection d’usage accomplie par le prince Frédéric de Prusse, elles étaient déjà pour la plupart rentrées dans leurs quartiers, lorsque survint l’ordre d’organiser une grande revue que passerait le roi en personne. Le public, accoutumé aux absences, aux disparitions du souverain, accueillit d’abord avec incrédulité la nouvelle. Il fallut se rendre