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Page:Jacques Bainville - Louis II de Bavière.djvu/92

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à l’évidence lorsque arrivèrent à Munich des détachements des diverses garnisons.

C’est que Louis II avait été péniblement froissé de l’accueil enthousiaste que la foule, cette année-là, comme les autres, avait fait à « notre Fritz ». C’était le prince prussien de Hohenzollern, le suzerain, qui était le plus salué et le plus acclamé. « Quant à moi, on m’honore seulement dans mes couleurs », disait amèrement le roi. Il n’avait pas désarmé envers celui qu’il regardait comme son rival et son ennemi. Il y avait entre eux une haine d’homme à homme.

Cette revue militaire tirait de là toute son importance aux yeux de Louis II. Il s’agissait pour lui d’affirmer qu’il était le seul chef de l’armée bavaroise, qu’il entendait conserver sa liberté d’action, indépendamment des inspections annuelles de Frédéric. Louis II fut accueilli avec enthousiasme par la foule, chez qui le loyalisme était toujours vif et qui conservait l’esprit particulariste à fleur de peau. Mais il se contenta de cette manifestation, en somme platonique. Il n’osa, ou plutôt ne put aller plus loin. Deux jours après il partait secrètement pour Reims, dont la cathédrale, avec les souvenirs du sacre, attirait à ce moment ses rêveries historiques.

Au retour, il reprit sa vie négligente et solitaire. Il n’avait eu qu’une velléité de reconquérir son royaume. Le contact même avec la population, qu’il avait retrouvé un instant, il le reperdit aussitôt. Au mois d’octobre, on inaugurait une statue de son père, le roi philosophe Maximilien. La cérémonie s’acheva sans que Louis II eût paru. C’était fini. Il avait donné son dernier effort. Il se retrancha désormais du monde des vivants, et il devait poursuivre son règne loin des hommes dans la fantasmagorie et le spleen, avant de l’achever par une tragédie atroce.