de Cristal qu’il avait d’abord visitée seul, il observa désappointé : « L’impression poétique se transforme en irréparable prose. On ne descend pas impunément du banquet des dieux dans le monde des mortels. » Mais son dégoût n’était pas moins vif lorsqu’il devait présider quelque dîner de gala. Courtisans, ministres, diplomates, c’était une foule d’un degré plus bas encore que celle de la rue car Louis ne comptait pas y rencontrer ces naïvetés et ces droitures qu’il appréciait chez un paysan, chez un simple domestique. Aussi faisait-il placer devant ses yeux de véritables buissons de fleurs, afin d’apercevoir aussi peu qu’il se pourrait le visage de ses convives. Ni dans la Carrière, ni dans les Cours on ne trouva le procédé plaisant. Et pendant vingt ans, à travers l’Allemagne et l’Europe, mille voix affirmèrent entre haut et bas, et plutôt haut que bas, que la malheureuse Bavière avait pour roi un fou.
Un complot se dessina ainsi de bonne heure contre Louis II. Il n’en rendit l’exécution que trop facile. Et il est juste de reconnaître qu’il donna beau jeu à ses adversaires. Les avertissements ne lui avaient pourtant pas manqué. « Ce goût funeste de la solitude menace le pays de quelque malheur », écrivait en 1873 un apologiste de l’unité allemande encore toute fraîche. Il était évident que la folie du roi serait un jour un excellent prétexte pour enchaîner d’un peu plus près la Bavière.
Fou, au sens de la pathologie et de la clinique, qui saura jamais dire si Louis II l’a été vraiment ?
Un peintre, lorsqu’il a l’intuition de la personne humaine lorsqu’il sait pénétrer le secret d’une âme, et l’exprimer par