Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1818-T1.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxxiij
PRÉLIMINAIRE.


dre les torches de la superstition, c’est un feu qui fume encore et qui est loin d’être entièrement étouffé. Je l’ai vu dans l’esprit du peuple qu’il dévore et qu’il égare ; je l’ai vu chez les grands ; je l’ai vu chez des gens éclairés : j’en pourrais citer un, qui a donné au public des ouvrages estimés, et qui, nouveau don Quichotte, se montre sage et plein de jugement, pourvu qu’il ne parle pas de l’alchimie. La pierre pilosophale est désormais son unique étude ; et après vingt ans de recherches, il possède déjà, si on l’en veut croire, l’élixir de vie, qui lui assure une existence de plusieurs siècles. Cependant il est goutteux, infirme, d’une santé extrêmement faible ; et il n’a pas cinquante ans.

Un autre, assez connu par un bon livre de mathématiques, se plonge dans la cabale, et croit aux esprits élémentaires, à la puissance des mots mystiques, aux révélations, aux extases ; il assure que les salamandres, les sylphes, les ondins, les gnomes, sont à ses or-

    les mœurs ; je ne reconnais point pour philosophes ces tristes orgueilleux qui ont pris le mot de sages, et qui se croient, dans leur esprit, aussi grands que des divinités. J’entends par philosophie, ce que les anciens attachaient à ce mot : l’amour de la sagesse.