Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CAS
CAS
— 140 —

cartes, au moyen de laquelle chacun peut faire son horoscope. In-12, Paris, 1802. Ce petit livre, de 92 pages, est dédié au beau sexe par Albert d’Alby. L’éditeur est M. de Valembert, qui fait observer que l’Oracle parfait devait paraître en 1788 ; que la censure l’arrêta, et qu’on n’a pu qu’en 1802 en gratifier le public. La méthode de ce livre est embrouillée ; l’auteur veut qu’on emploie vingt cartes disposées en cinq tas, de cette manière : un au milieu, un au-dessus, un au-dessous, et un de chaque côté ; ce qui fait une croix. Les cartes d’en haut signifient ce qui doit arriver bientôt, les cartes de droite ce qui arrivera dans un temps plus éloigné ; les cartes d’en bas sont pour le passé ; les cartes de gauche pour les obstacles ; les cartes du milieu pour le présent. On explique ensuite d’après les principes.

Mais c’en est assez sur la cartomancie. Nous n’avons voulu rien laisser ignorer du fondement de cette science aux dames qui consultent leurs cartes et qui doutent de Dieu. Cependant nous les prierons d’observer que ce grand moyen de lever le rideau qui nous cache l’avenir s’est trouvé quelquefois en défaut. Une des plus fameuses tireuses de cartes fit le jeu pour un jeune homme sans barbe qui s’était déguisé en fille. Elle lui promit un époux riche et bien fait, trois garçons, une fille, des couches laborieuses, mais sans danger. — Une dame qui commençait à hésiter dans sa confiance aux cartes se fit un jour une réussite pour savoir si elle avait déjeuné. Elle était encore à table devant les plats vides ; elle avait l’estomac bien garni ; toutefois les cartes lui apprirent qu’elle était à jeun, car la réussite ne put avoir lieu.

Casaubon (Médéric), fils d’isaac Casaubon, né à Genève en 1599. On a de lui un Traité de l’Enthousiasme, publié en 1655, in-8o. Cet ouvrage est dirigé contre ceux qui attribuent l’enthousiasme à une inspiration du ciel ou à une inspiration du démon. On lui doit de plus un Traité de la crédulité et de l’incrédulité dans les choses spirituelles, in-8o, Londres, 1670. Il y établit la réalité des esprits, des merveilles surnaturelles et des sorciers[1]. Nous citerons aussi sa Véritable et fidèle relation de ce qui s’est passé entre Jean Dée et certains esprits, 1659, in-fol.

Casi. C’est le nom d’une pagode fameuse sur les bords du Gange. Les Indiens recherchent le privilège d’y mourir ; car Eswara ne manque pas de venir souffler dans leur oreille droite au dernier instant pour les purifier : aussi ont-ils grand soin de mourir couchés sur le côté gauche.

Casmann (Othon), savant Allemand du seizième siècle, auteur d’un livre sur les anges intitulé Angélographie[2]. Il a laissé un autre ouvrage, que quelques personnes recherchent, sur les mystères de la nature[3].

Cassandre. Fille de Priam, à qui Apollon accorda le don de prophétie pour la séduire ; mais quand elle eut le don, elle ne voulut pas répondre à la tendresse du dieu, et le dieu discrédita ses pronostics. Aussi, quoique grande magicienne et sorcière, comme dit Delancre[4], elle ne put pas empêcher la ruine de Troie, ni se garantir elle-même des violences d’Ajax.

Cassius de Parme. Antoine venait de perdre la bataille d’Actium ; Cassius de Parme, qui avait suivi son parti, se retira dans Athènes : là, au milieu de la nuit, pendant que son esprit s’abandonnait aux inquiétudes, il vit paraître devant lui un homme noir qui lui parla avec agitation. Cassius lui demanda qui il était. — Je suis ton démon[5] — répondit le fantôme. Ce mauvais démon était la peur. À cette parole, Cassius s’effraya et appela ses esclaves ; mais le démon disparut sans se laisser voir à d’autres yeux. Persuadé qu’il rêvait, Cassius se recoucha et chercha à se rendormir ; aussitôt qu’il fut seul, le démon reparut avec les mêmes circonstances. Le Romain n’eut pas plus de force que d’abord; il se fit apporter des lumières, passa le reste de la nuit au milieu de ses esclaves, et n’osa plus rester seul. Il fut tué peu de jours après par l’ordre du vainqueur d’Actium[6].

Casso ou Alouette. On assure que celui qui portera sur soi les pieds de cet oiseau ne sera jamais persécuté ; au contraire, il aura toujours l’avantage sur ses ennemis. Si on enveloppe l’œil droit de l’alouette dans un morceau de la peau d’un loup, l’homme qui le portera sera doux, agréable et plaisant ; et si on le met dans du vin, on se fera chérir de la personne qui le boira[7].

Cassotide. Fontaine de Delphes, dont la vertu prophétique inspirait des femmes qui y rendaient des oracles.

Castaigne (Gabriel de), aumônier de Louis XIII, cordelier et alchimiste. On lui doit l’Or potable qui guérit de tous maux, in-8o, rare, Paris, 1611 ; le Paradis terrestre, où l’on trouve la guérison de toute maladie, in-8o, Paris, 1615 ; « le Grand Miracle de nature métallique, que en imitant icelle sans sophistiqueries, tous les métaux imparfaits se rendront en or fin, et les maladies

  1. Cet ouvrage est connu aussi sous le titre de Traité des esprits, des sorciers et des opérations surnaturelles, en anglais, Londres, 4672, in-8o.
  2. Angelographia, 2 vol. in-8o. Francfort, 1597 et 1605.
  3. Nucleus mysteriorum nalurœ enucleatus, 1605, in-8o.
  4. Tableau de l’inconstance des mauvais anges, etc., liv. I, dise. iii.
  5. L’original porte cacodaimon, mauvais démon. Chez les Grecs daimon, simplement, signifiait un génie, une bonne intelligence, comme le démon de Socrate et quelques autres.
  6. Valère-Maxime, et d’autres anciens.
  7. Admirables secrets d’Albert le Grand.