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incurables se guériront, » in-8o, Paris, 1615.

Castalie. Fontaine d’Antioche, au faubourg de Daphné ; ses eaux étaient prophétiques, et il y avait auprès un oracle célèbre qui prédit l’empire à Adrien. Quand cet oracle fut accompli, Adrien fit boucher la fontaine avec de grosses pierres, de peur qu’un autre n’y allât chercher la même faveur qu’il avait obtenue.

Castalin (Diégo). Discours prodigieux et épouvantable de trois Espagnols et une Espagnole, magiciens et sorciers qui se faisaient porter par les diables de ville en ville, avec leurs déclarations d’avoir fait mourir plusieurs personnes et bétail par leurs sortilèges, et aussi d’avoir fait plusieurs dégâts aux biens de la terre. Ensemble, l’arrêt prononcé contre eux par la cour du parlement de Bordeaux, in-8o, rare. Paris, 1626.

« Trois Espagnols, accompagnés d’une femme espagnole, aussi sorcière et magicienne, se sont promenés par l’Italie, Piémont, Provence, Franche-Comté, Flandre, et ont, par plusieurs fois, traversé la France, et tout aussitôt qu’ils avaient reçu quelque déplaisir de quelques-uns, en quelques villes, ils ne manquaient, par le moyen de leurs pernicieux charmes, de faire sécher les blés et les vignes ; et pour le regard du bétail, il languissait quelques trois semaines, puis demeurait mort, tellement qu’une partie du Piémont a senti ce que c’était que leurs maudites façons de faire.

» Quand ils avaient fait jouer leurs charmes en quelques lieux par leurs arts pernicieux, ils se faisaient porter par les diables dans les nuées, de ville en ville, et quelquefois faisaient cent lieues le jour. Mais comme la justice divine ne veut pas longuement souffrir les malfaiteurs, Dieu permit qu’un curé, nommé messire Benoît la Fave, passant près de Dôle, rencontrât ces Espagnols avec leur servante, lesquels se mirent en compagnie avec lui et lui demandèrent où il allait. Après leur avoir déclaré et conté une partie de son ennui pour la longueur du chemin, un de ces Espagnols, nommé Diégo Castalin, lui dit : — Ne vous déconfortez nullement, il est près de midi ; mais je veux que nous allions aujourd’hui coucher à Bordeaux.

» Le curé ne répliqua rien, croyant qu’il le disait par risée, vu qu’il y avait près de cent lieues. Néanmoins, après s’être assis tous ensemble, ils se mirent à sommeiller. Au réveil du curé, il se trouve aux portes de Bordeaux avec ces Espagnols. Un conseiller de Bordeaux fut averti de cette merveille ; il voulut savoir comment cela s’était passé : il dénonce les trois Espagnols et la femme. On fouille leurs bagages, où se trouvent plusieurs livres, caractères, billets, cires, couteaux, parchemins et autres denrées servant à la magie. Ils sont examinés ; ils confessent le tout, disant, entre autres choses, d’avoir fait, par leurs œuvres, périr les fruits de la terre aux endroits qu’il leur plaisait, d’avoir fait mourir plusieurs personnes et bestiaux, et qu’ils étaient résolus de faire plusieurs maux du côté de Bordeaux. La cour leur fit leur procès extraordinaire, qui fut prononcé le 1 er mars 1610, et condamna Diégo Castalin, Francisco Ferdillo, Vincentio Torrados et Catalina Fiosela à être pris et menés par l’exécuteur de la haute justice en la place du marché aux porcs, et être conduits sur un bûcher, pour là être brûlés tout vifs, et leurs corps être mis en cendres, avec leurs livres, caractères, couteaux, parchemins, billets et autres hoses propres servant à la magie.

» L’Espagnole qui les servait, nommée Catalina Fiosela, confessa une infinité de méchancetés par elle exercées, entre autres que, par ses’sortiléges, elle avait infecté, avec certains poisons, plusieurs fontaines, puits et ruisseaux, et aussi qu’elle avait fait mourir plusieurs bétails, et fait, par ses charmes, tomber pierres et grêles sur les biens et fruits de la terre.

» Voilà qui doit servir d’exemple à plusieurs personnes qui s’étudient à la magie ; d’autres, sitôt qu’ils ont perdu quelque chose, s’en vont au devin et sorcier, et ne considèrent pas qu’allant vers eux, ils vont vers le diable, prince des ténèbres. »

On ne peut voir dans ce récit que l’histoire d’une bande de malfaiteurs.

Castellini (Luc), frère prêcheur du dix-septième siècle. On rencontre des prodiges infernaux dans son Traité des miracles[1].

Castor. C’est une opinion très-ancienne et très-commune que le castor se mutile pour se dérober à la poursuite des chasseurs. On la trouve dans les hiéroglyphes des Égyptiens, dans les fables d’Ésope, dans Pline, dans Aristote, dans Élien ; mais cette opinion n’en est pas moins une erreur aujourd’hui reconnue[2].

Castor et Pollux, fils de Jupiter et de Léda. On en fit des dieux marins ; et, dans l’antiquité, les matelots appelaient feux de Castor et Pollux ce que nos marins appellent feux Saint-Elme. Les histoires grecques et romaines sont remplies d’apparitions de Castor et Pollux. Pendant que Paul-Émile faisait la guerre en Macédoine, Publius Vatinius, revenant à Rome, vit subitement devant lui deux jeunes gens beaux et bien faits, montés sur des chevaux blancs, qui lui annoncèrent que le roi Persée avait été fait prisonnier la veille. Vatinius se hâta de porter au sénat cette nouvelle ; mais les sénateurs, croyant déroger à la majesté de leur caractère en s’arrêtant à des puérilités, firent mettre cet homme en prison. Cependant, après qu’on eut reconnu par les lettres du consul que le roi de Macédoine avait été effectivement pris ce jour-là, on tira Vatinius de sa prison ; on le gratifia de plusieurs arpents de

  1. Tractalus de miraculis. Rome, 1629.
  2. Brown, Des erreurs populaires, liv. III, ch. iv.