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CER
CÉS
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Ce que l’on a débité de leur longue vie, ajoute Buffon, n’est appuyé sur aucun fondement ; ce n’est qu’un préjugé populaire, dont Aristote lui-même a révélé l’absurdité. Le collier du cerf de la forêt de Senlis ne peut présenter une énigme qu’aux personnes qui ignorent que tous les empereurs d’Allemagne ont été désignés par le nom de César.

Une autre tradition touchant le cerf, c’est que la partie destinée à la génération lui tombe chaque année. Après avoir ainsi observé ce qui a lieu par rapport à son bois, on s’est persuadé que la même chose arrivait à la partie en question. L’expérience et la raison détruisent également une opinion si absurde[1].

Cerinthe, hérétique du temps des apôtres. Il disait que Dieu avait créé des génies chargés de gouverner le monde ; qu’un de ces génies avait fait tous les miracles de l’histoire des Juifs ; que les enfants de ces esprits étaient devenus des démons, et que le Fils de Dieu n’était descendu sur la terre que pour ruiner le pouvoir des mauvais anges. Il avait écrit des révélations qu’il prétendait lui avoir été faites par un ange de bien, avec qui il se vantait de converser familièrement. « Mais cet ange, comme dit Leloyer, était un chenapant de démon, et pas autre chose. »

Cerne, mot vieilli. C’était autrefois le nom qu’on donnait au cercle que les magiciens traçaient avec leur baguette pour évoquer les démons.

Céromancie ou Ciromancie. Divination par le moyen de la cire, qu’on faisait fondre et qu’on versait goutte à goutte dans un vase d’eau, pour en tirer, selon les figures que formaient ces gouttes, des présages heureux ou malheureux. Les Turcs cherchaient surtout à découvrir ainsi les crimes et les larcins. Ils faisaient fondre un morceau de cire à petit feu, en marmottant quelques paroles ; puis ils étaient cette cire fondue de dessus le brasier, et y trouvaient des figures qui indiquaient le voleur, sa maison et sa retraite. Dans l’Alsace, au seizième siècle, et peut-être encore aujourd’hui, lorsque quelqu’un est malade et que les bonnes femmes veulent découvrir qui lui a envoyé sa maladie, elles prennent autant de cierges d’un poids égal qu’elles soupçonnent d’êtres ou de personnes ; elles les allument, et celui dont le cierge est le premier consumé passe dans leur esprit pour l’auteur du maléfice[2].

Cerveau. Les quarterons de savants qui ont attaqué le dogme de l’unité de l’espèce humaine ont avancé que le cerveau des nègres était inférieur au cerveau des blancs. Mais le savant Tiedman a parfaitement établi et prouvé qu’il n’existe aucune différence appréciable dans le poids moyen et les dimensions moyennes du cerveau du nègre et de l’Européen. La légère différence qu’on remarque dans sa forme extérieure disparaît dans la structure interne.

Cervelle. On fait merveille avec la cervelle de certaines bêtes. L’auteur des Admirables secrets d’Albert le Grand dit, au liv. III, que la cervelle de lièvre fait sortir les dents aux enfants, lorsqu’on leur en frotte les gencives. Il ajoute que les personnes qui ont peur des revenants se guérissent de leurs terreurs paniques, si elles mangent souvent de la cervelle de lièvre. La cervelle de chat ou de chatte, si on s’en frotte les dehors du gosier, guérit en moins de deux jours les inflammations qui s’y font sentir, mais après une crise de fièvre violente. Les premiers hommes ne mangeaient la cervelle d’aucun animal, par respect pour la tête, qu’ils regardaient comme le siège de la vie et du sentiment.

Cesaire ou Cesarius d’Heisterbach (Pierre), moine de Cîteaux, mort en 12/[0. On lui doit un recueil de miracles où les démons figurent très-souvent[3]. Ce recueil, nous ne saurions trop en dire la raison, a été mis à l’index en Espagne. Il est cité plusieurs fois dans ce dictionnaire.

Cesaire (Saint). Voy. Mirabilis liber.

Césalpin (André), médecin du seizième siècle, né à Arezzo en Toscane, auteur de Recherches sur les Démons, où l’on explique le passage d’Hippocrate, relatif aux causes surnaturelles de certaines maladies[4]. Ce traité, composé à la prière de l’archevêque de Pise, parut au moment où les religieuses d’un couvent de cette ville étaient obsédées du démon. L’archevêque demandait à tous les savants si les contorsions de ces pauvres filles avaient une cause naturelle ou surnaturelle. Césalpin, particulièrement consulté, répondit par le livre que nous citons. Il commence par exposer une immense multitude de faits attribués aux démons et à la magie. Ensuite il discute ces faits ; il avoue qu’il y a des démons, mais qu’ils ne peuvent guère communiquer matériellement avec l’homme ; il termine en se soumettant à la croyance de l’Église, Il déclare que la possession des religieuses de Pise est surnaturelle ; que les secours de la médecine y sont insuffisants, et qu’il est bon de recourir au pouvoir des exorcistes.

César (Caïus Julius). On a raconté de cet homme fameux quelques merveilles surprenantes.

Suétone rapporte que, César étant avec son

  1. Brown, Essais sur les erreurs, etc., 1. 1, liv. III, ch. x. M. Saignes, Des erreurs et des préjugés, t. II, p. 245. Buffon, Histoire naturelle’, etc.
  2. Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincue, traité V. Delrio, liv. IV.
  3. Illustrium miraculorum et historiarum memorabilium libri XII, a Cœsario Heisterbachensi, ordinis cisterciensis, etc. in-8o. Antverpiae, 1605. Nuremberg, 1484. In-fol. Cologne, 1599. in-8o. Douai, 1604.
  4. Dœmonum investigatio peripatetica, in qua explicatur locus Hippocratis : si quid divinum in morbis habeatur. in-4o. Florence, 1580.