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mand, mort à Dresde en 1806. Il a laissé un ouvrage intitulé Histoire des folies humaines, ou Biographie des plus célèbres nécromanciens, alchimistes, devins, etc. ; sept parties ; Leipzig. 1785-1789.

Adeptes, nom que prennent les alchimistes qui prétendent avoir trouvé la pierre, philosophale et l’élixir de vie. Ils disent qu’il y a toujours onze adeptes dans ce monde ; et, comme l’élixir les rend immortels, lorsqu’un nouvel alchimiste a découvert le secret du grand œuvre, il faut qu’un des onze anciens lui fasse place et se retire dans un autre des mondes élémentaires.

Adès, ou Hadès, roi de l’enfer. Ce mot est pris, souvent, chez quelques poètes anciens, pour l’enfer même.

Adhab-Algab, purgatoire des musulmans, où les méchants sont tourmentés par les anges noirs Munkir et Nékir.

Adjuration, formule d’exorcisme par laquelle on commande, au nom de Dieu, à l’esprit malin de dire ou de faire ce qu’on exige de lui.

Adonis, démon brûlé. Selon les démonologues, il remplit quelques fonctions dans les incendies[1]. Des savants croient que c’est le même que le démon Thamuz des Hébreux.

Adoration du crapaud. Les sorciers n’adorent pas seulement le diable dans leurs hideuses assemblées. Tout aspirant qui est reçu là sorcier après certaines épreuves reçoit un crapaud, avec l’ordre de l’adorer ; ce qu’il fait en lui don-liant un baiser en signe de révérence. Voy. Sabbat.

Adramelech, grand chancelier des enfers, intendant de la garde-robe du souverain des démons,

 
Adramelech
Adramelech
 
président du haut conseil des diables. Il était adoré à Sépharvaïm, ville des Assyriens, qui brûlaient des enfants sur ses autels. Les rabbins disent qu’il se montre sous la figure d’un mulet, et quelquefois sous celle d’un paon.

Adranos, idole sicilienne, qui a donné son nom à la ville d’Adranum, aujourd’hui Aderno. On élevait dans son temple mille chiens, dits sacrés, qui avaient pour mission principale de reconduire chez eux les hommes ivres.

Adrien. Se trouvant en-Mésie, à la tête d’une légion auxiliaire, vers la fin du règne de Domitien, Adrien consulta un devin (car il croyait aux devins et à l’astrologie judiciaire), lequel lui prédit qu’il parviendrait un jour à l’empire. Ce n’était pas, dit-on, la première fois qu’on lui faisait cette promesse. Trajan, qui était son tuteur, l’adopta, et il régna en effet.

On lui attribue en Écosse la construction de la muraille du Diable.

Fulgose, qui croyait beaucoup à l’astrologie, rapporte, comme une preuve de la solidité de cette science, que l’empereur Adrien, très-habile astrologue, écrivait tous les ans, le premier jour du premier mois, ce qui lui devait arriver pendant l’année, et que, l’an qu’il mourut, il n’écrivit que jusqu’au mois de sa mort, donnant à connaître par son silence qu’il prévoyait son trépas. Mais ce livre de l’empereur Adrien, qu’on ne montra qu’après sa mort, n’était qu’un journal.

Aéromancie, art de prédire les choses futures par l’examen des variations et des phénomènes de l’air. C’est en vertu de cette divination qu’une comète annonce la mort d’un grand homme. Cependant ces présages extraordinaires :peuvent rentrer dans la tératoscopie.

François de la Torre-Blanca dit que l’aéromancie est l’art de dire la bonne aventure en faisant apparaître des spectres dans les airs, ou en représentant, avec l’aide des démons, les événements futurs dans un nuage, comme dans une lanterne magique. « Quant aux éclairs et au tonnerre, ajoute-t-il, ceci regarde les augures ; et les aspects du ciel et des planètes appartiennent à l’astrologie. »

Aétite, espèce de pierre qu’on nomme aussi pierre d’aigle, selon la signification de ce mot grec, parce qu’on prétend qu’elle se trouve dans les nids des aigles. Matthiole dit que les aigles vont chercher, cette pierre jusqu’aux Indes, pour faire éclore plus facilement leurs petits. De là vient qu’on attribue à l’aétite la propriété de faciliter l’accouchement lorsqu’elle est attachée au-dessus du genou d’une femme, ou de le retarder si on la lui met à la poitrine. — Dioscoride dit qu’on s’en servait autrefois pour découvrir les voleurs. Après qu’on l’avait broyée, on en mêlait la cendre dans du pain fait exprès ; on en faisait manger à tous ceux qui étaient soupçonnés. On croyait que, si peu d’aétite qu’il y eût dans ce pain, le voleur ne pouvait avaler le morceau. Les Grecs modernes emploient encore cette vieille superstition, qu’ils rehaussent de quelques paroles mystérieuses. Voy. Alphitomancie.

  1. Wierus, De præstigiis dæmon., lib. I.