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diable[1]. On lui demanda si on pouvait faire éveillé le voyage du sabbat. Elle répondit qu’on n’y allait qu’après avoir dormi, et que quelquefois il suffisait d’avoir fermé un œil pour s’enlever.

Dinscops, sorcière et sibylle du pays de Clèves, dont parle Bodin en son quatrième livre. Elle ensorcelait et maléficiait tous ceux vers qui elle étendait la main. On la brûla ; et quand sa main sorcière et endiablée fut bien cuite, tous ceux qu’elle avait frappés de quelque mal revinrent en santé…

Dioclétien. N’étant encore que dans les grades inférieurs de l’armée, il réglait un jour ses comptes avec une cabaretière de Tongres, dans la Gaule Belgique. Comme cette femme, qui était druidesse, lui reprochait d’être avare : « Je serai plus généreux, lui dit-il en riant, quand je serai empereur. — Tu le seras, répliqua la druidesse, quand tu auras tué le sanglier. » Dioclétien, étonné, sentit l’ambition s’éveiller dans son âme et chercha sérieusement à presser l’accomplissement de cette prédiction, qui nous a été conservée par Vopiscus. Il se livra particulièrement à la chasse du sanglier. Cependant il vit plusieurs princes arriver au trône sans qu’on songeât à l’y élever ; et il disait sans cesse : « Je tue bien les sangliers ; mais les autres en ont le profit. » Il avait été consul et il occupait des fonctions importantes. Quand Numérien eut été tué par son beau-père, Arius Aper, toutes les espérances de Dioclétien se réveillèrent : l’armée le porta au trône. Le premier usage qu’il fit de son pouvoir fut de tuer lui-même de son épée le perfide Aper, dont le nom est celui du sanglier, en s’écriant qu’il venait enfin de tuer le sanglier fatal. — On sait que Dioclétien fut ensuite un des plus cruels persécuteurs de l’Église. Il était philosophe.

Diocres. Voy. Chapelle du damné.

Diodore de Catane, magicien dont le peuple de Catane garda longtemps le souvenir. C’était le plus grand sorcier de son temps ; il fascinait tellement les personnes qu’elles se persuadaient être changées en bêtes : il faisait voir en un instant aux curieux ce qui se passait dans les pays les plus éloignés. Comme on l’eût arrêté en qualité de magicien, il voulut se faire passer pour faiseur de miracles. Il se fit donc transporter par le diable de Catane à Constantinople, et de Constantinople à Catane en un jour, ce qui lui acquit tout d’un coup parmi le peuple une grande réputation ; mais ayant été pris malgré son habileté et sa puissance, on le jeta en un feu ardent où il fut brûlé[2]. Le peuple de Catane, qui ne l’a pas oublié, l’appelle Liodore.

Dion de Syracuse. Étant une nuit couché sur son lit, éveillé et pensif, il entendit un grand bruit, et se leva pour voir ce qui pouvait le produire. Il aperçut au bout d’une galerie une femme de haute taille, hideuse comme les Furies, qui balayait sa maison. Il fit appeler aussitôt ses amis et les pria de passer la nuit auprès de lui. Mais le spectre ne reparut plus. — Quelques jours après le fils de Dion se précipita d’une fenêtre et se tua. Sa famille fut détruite en peu de temps, et, « par manière de dire, ajoute Leloyer, balayée et exterminée de Syracuse, comme la Furie, qui n’était qu’un diable, avait semblé l’en avertir par le balai ».

Dionysio dal Borgo, astrologue italien qui professait la théologie à l’université de Paris au treizième siècle. Villani conte (livre X) qu’il prédit juste la mort de Castruccio, tyran de Pistoie.

Diopite, bateleur, né à Locres, qui, après avoir parcouru la Grèce, se présenta sur le théâtre de Thèbes pour y faire des tours. Il avait sur le corps deux peaux de bouc, l’une remplie de vin et l’autre de lait, par le moyen desquelles il faisait sortir de ces liqueurs par sa bouche, si bien qu’on l’a mis au rang des sorciers.

Discours. Discours des esprits follets, publié dans le Mercure galant de 1680. — Discours épouvantable d’une étrange apparition de démons en la maison d’un gentilhomme en Silésie, in-8o, Lyon, par Jean Gazeau, 1609, brochure de 7 pages. — Discours sur la vanité des songes, et sur l’opinion de ceux qui croient que ce sont des pressentiments. Voy. Songes, etc.

Disputes. L’abominable Henri VIII avait une telle passion pour l’argumentation, qu’il ne dédaigna pas d’argumenter avec un pauvre argumentateur nommé Lambert. Une assemblée extraordinaire avait été convoquée à Westminster pour juger des coups. Le roi, voyant qu’il avait affaire à forte partie, et ne voulant pas avoir le dernier, donna à Lambert le choix d’être de son avis ou d’être pendu. C’est ainsi qu’un dey d’Alger, faisant un cent de piquet avec son vizir, lui disait : « Joue cœur, ou je t’étrangle. » Lambert ne joua pas cœur ; il fut étranglé. Nous citons cette anecdote parce que l’abominable Henri VIII était assurément possédé du diable.

Diti, et son œuf. Voy. Garuda.

Dives. Les Persans nomment ainsi les mauvais génies ; ils en admettent de mâles et de femelles et disent qu’avant la création d’Adam Dieu créa les Dives ou génies mâles et leur confia le gouvernement du monde pendant sept mille ans ; après quoi, les Péris ou génies femelles leur succédèrent et prirent possession de l’univers pour deux autres mille ans, sous l’empire de Gianben-Gian, leur souverain ; mais ces créatures étant tombées en disgrâce pour leur désobéissance, Dieu envoya contre eux Éblis, qui, étant

  1. Delancre, Tableau de Vinconst. des démons, etc., liv. IV, p. 417.
  2. Leloyer. Histoire des spectres et apparitions des esprits, liv. III, ch. viii, p. 316. Après Thomas Fazelli, De rebus siculis, decas I, lib. III.